Sans être candidats dans ces élections de mi-mandat qui mobilisent les Etats-Unis, Joe Biden (79 ans) et Donald Trump (76 ans) en sont pourtant les protagonistes majeurs dans la mesure où ils ont battu la campagne pour galvaniser leurs troupes. C'est surtout vrai pour le Républicain qui a retrouvé sa verve coutumière pour, à la fois, battre le rappel de millions de sympathisants et, une fois de plus, agiter la menace d'une nouvelle mise en cause de l'intégrité du scrutin. Sa candidature pour la présidentielle de 2024 dont il faisait volontiers mystère depuis plusieurs mois, marqués par des péripéties judiciaires autour de l'attaque du Capitole au lendemain de l'élection du rival démocrate ainsi que par de supposés déclarations fiscales biaisées, a laissé place, hier, à l'annonce d'une «grande surprise» en la matière. Tel un référendum sur la popularité du président en place, les mid-terms sanctionnent traditionnellement le parti ancré à la Maison-Blanche. Le parti démocrate avait arraché en 2020 une majorité à la Chambre des représentants et une égalité au Sénat où la voix du président fait la différence. Durant ces dernières élections, Trump et le Parti républicain ont tout fait pour reprendre le contrôle de l'une et l'autre institutions, dans le but de mettre fin aux poursuites engagées à leur encontre dans l'affaire du Capitole et de contrôler les principales commissions du Congrès. Ainsi, ont-ils prévenu qu'ils ne donneront pas de «chèque en blanc» à l'Ukraine. S'il y a un sujet qui a pesé sur la tournure des évènements, au terme d'une campagne électrifiée, c'est bien celui de l'avortement, tout changement au Congrès devant avoir un impact direct sur la vie de dizaines de millions d'Américaines. Si les démocrates ont promis de défendre le droit des femmes à l'avortement, les Républicains vont, eux, légiférer en faveur d'une loi fédérale, l'interdisant au-delà de 15 semaines de grossesse. Toujours est-il que, même s'il semble presque acquis, le retour de Trump en 2024 dépend largement du résultat final du scrutin alors que les premiers indices contredisent les pronostics des sondeurs sur un raz-de-marée républicain. Si son parti ne parvient pas à reprendre le contrôle de la Chambre et du Sénat, et surtout si les candidats peu conventionnels qu'il a imposés sont battus, Trump devra en subir les conséquences et son come-back en sera compromis, même s'il fut omniprésent durant la campagne pour inciter à «une vague géante» républicaine. Or, en Pennsylvanie et dans l'Ohio, l'échec est déjà proclamé, à la grande joie de ses rivaux républicains, le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, et celui du Texas, Greg Abott, tous deux candidats à l'investiture en 2024. D'ailleurs, le parti conservateur n'a aucune préférence, si ce n'est celle de gagner les élections pour avoir un gouvernement républicain avec des politiques conservatrices et des fonctionnaires et juges conservateurs. À ce jour, l'enjeu est aussi vital pour Joe Biden dont les projets de loi sur le changement climatique, le contrôle des armes à feu, les investissements dans les infrastructures et la pauvreté des enfants sont tributaires d'une Chambre et d'un Sénat aux mains de son parti. Toutefois, on est loin de l'ambiance de novembre 2016 qui a vu un vainqueur atypique entrer à la Maison-Blanche, flanqué de son gendre Jared Kushner et de trois autres conseillers, tous ultra sionistes et artisans zélés des Accords dits d'Abraham. Un tel retour, conjugué à celui de Netanyahu au sein de l'Etat hébreu, n'apporterait rien de bon pour le Moyen-Orient et pour l'Afrique.