La fameuse affaire des écoutes téléphoniques et de l'espionnage Pegasus effectués par les services marocains refait surface à la faveur de nouveaux rebondissements retentissants, pour le moins. On apprend de sources concordantes, qu'une Marocaine employée à l'Unesco vient d'être renvoyée pour des relations avec les services de renseignements marocains. Cheffe d'unité administrative à l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture Unesco, la Marocaine Wafaa Bernichi vient de faire les frais d'une sale guerre menée, depuis des années déjà par le royaume du Makhzen, à l'encontre de certains pays d'Europe et du Maghreb aussi. C'est le revers de plus pour le royaume de sa majesté Mohammed VI. L'intransigeance des responsables de l'Unesco vis-à- vis de cette indélicate employée marocaine à la solde des services de sa majesté, s'explique par le degré et la gravité des faits qui lui sont reprochés. En effet, ladite employée est accusée, selon des informations rendues publiques par des journaux marocains hostiles au régime du Makhzen, d'avoir divulgué des informations classifiées aux services des renseignements marocains. Les informations en question touchent au lancement d'une enquête discrète, financée par l'Unesco, au sujet de l'implication directe du Maroc dans l'utilisation du logiciel de l'entité sioniste Pegasus pour espionner les fonctionnaires de l'Organisation des Nations Unies. C'est le département du développement de l'expression et des médias de l'organisation rattachée à l'Unesco, qui est derrière cette action qui devait s'effectuer dans le secret le plus total, pour des raisons évidentes. L'affaire qui n'a pas encore révélé tous ses secrets promet d'être houleuse, à plus d'un titre. Cela est d'autant plus plausible, que le Parlement européen est sur les mêmes traces que l'Unesco. «Les logiciels espions sont un problème européen», ont estimé avant-hier des eurodéputés, dont Sophia in't Veld qui s'exprimait au sujet du rapport préliminaire de l'enquête sur l'affaire Pegasus. Dans ce projet de rapport, qui a déjà été présenté devant le Parlement, l'allusion aux écoutes téléphoniques et espionnage par le Maroc de,au moins trois pays d'Europe, dont la France, l'Espagne, et l'Italie est clairement établie. En effet, la première version de ce vaste rapport d'enquête qui soupçonne d'autres pays européens versant dans cette pratique illégale, indique que des «indices» sérieux au sujet de l'infiltration de téléphones ont été trouvés. La Commission européenne est arrivée à la conclusion que des téléphones portables de membres de son personnel sont ou ont été espionnés par le logiciel d'espionnage Pegasus, dont le commissaire à la Justice Didier Reynders, lui aussi dans la liste des personnalités espionnées. Mais ce qui a le plus accroché les enquêteurs, ce sont les 60 figures du mouvement indépendantiste catalan, espionnées par le logiciel en question au profit des Marocains. L'affaire avait été mise au jour par le Citizen Lab en avril dernier. La rapporteuse libérale néerlandaise Sophie Enfield n'est pas allée par quatre chemins pour identifier clairement «les autorités marocaines comme auteures de ce programme d'espionnage sioniste contre l'Italie, la France et l'Espagne». L'affaire prend même l'appellation de «CatalanGate». Avec force détails, le rapport préliminaire cite le choix temporel des attaques de Pegasus, qui coïncident avec des moments d'importance politique, notamment «des poursuites contre des séparatistes catalans, des réunions publiques et des contacts avec des séparatistes catalans résidant hors d'Espagne, comme c'est le cas de l'espionnage de l'avocat privé du leader du mouvement indépendantiste catalan». Le rapport comprend également d'autres surprises au sujet de l'espionnage, par le régime du Makhzen, de personnalités politiques et autres officiels espagnols et français, notamment. Parmi les personnes touchées par ces attaques d'espionnage ciblées, le Premier ministre Pedro Sanchez, la ministre de la Défense Margarita Robles et le ministre de l'Intérieur Fernando Grande Marlasca, de la même manière que le cas du président français Emmanuel Macron et des ministres du gouvernement. Ce qui expliquerait ce revirement politique radical du Premier ministre espagnol et de son gouvernement vis-à-vis de la question du Sahara occidental.