Le patron de la Fifa compte sur l'Afrique pour briguer un 3e mandat. «Tout se passe bien dans la majorité des pays. Il n'y en a que peu où les ministres de la Jeunesse et des Sports ne réalisent pas qu'ils ne sont pas ministres du football». Ces propos sont de M.Joseph Sepp Blatter et ils sont repris d'une interview que le président de la Fifa a accordée à l'hebdomadaire Jeune Afrique. Il répondait là à une question où il lui était demandé ce qu'il pensait «des déclarations du ministre algérien de la Jeunesse et des Sports, M.Yahia Guidoum, lors de la 38e session du Conseil supérieur en Afrique (Cssa), une institution qu'il préside en ce moment», déclarations dans lesquelles «il dénonçait, selon l'interviewer, la position inique, unilatérale et expéditive de la Fifa à l'endroit de certaines fédérations nationales de certains pays africains, dont l'Algérie». En guise de réponse, M.Blatter a indiqué que «la Fifa respecte, évidemment, la souveraineté des Etats». «Mais, ajoute-t-il, en autorisant leur fédération à rejoindre notre institution, ces derniers acceptent de limiter le pouvoir dont ils disposent sur leur football. Personne n'est contraint d'adhérer à la Fifa et donc d'en respecter les principes et d'en suivre les décisions. En outre, les compétences ne doivent pas être confondues. Le foot doit être géré par les gens du foot et non par les politiques qui ont d'autres objectifs. Tout se passe bien du reste dans la majorité des pays. Il n'y en a que peu où les ministres des Sports ne réalisent pas qu'ils ne sont pas ministres du football». Cette réponse précise bien que la Fifa n'acceptera aucune ingérence d'une partie politique ou autre dans les affaires de la fédération qui lui est affiliée. En d'autres termes, le MJS algérien aura bien des difficultés pour imposer son point de vue à la FAF. Pour cela, l'affaire liée à l'assemblée générale élective de la Ligue nationale de football sert de test aux relations FAF-MJS, la première ne voulant pas «geler» les activités de cette instance comme le lui demande le second, l'invitant à saisir la justice s'il estime que ladite AG élective s'était déroulée selon des conditions anormales. Le MJS est d'autant moins en position de force que son premier responsable a reçu une réponse, de la même teneur, de la part de M.Jacques Rogge, le président du Comité international olympique. Le ministre algérien était, en effet, la semaine dernière, à Lausanne, en Suisse, où il a eu une entrevue avec le premier responsable de l'institution olympique en présence de MM.Mustapha Berraf et Mustapha Larfaoui, respectivement président du COA et président de la Fina ainsi que quelques collaborateurs de M.Rogge. M.Guidoum en aurait profité pour avoir l'avis de ce dernier au sujet des relations qui devraient exister entre les pouvoirs publics d'un Etat et les fédérations sportives. Le président du CIO a fait savoir, au représentant du gouvernement algérien, que s'il était normal que ces pouvoirs publics contrôlent l'utilisation de l'argent qu'ils versent à ces fédérations, il tenait plus que tout à ce que ces fédérations puissent jouir d'une pleine autonomie et indépendance. Dans la même question, l'interviewer a fait référence à une autre critique émanant, celle-là, du leader libyen Mouammar Kadhafi selon lequel «la Fifa est un organe opaque au service des intérêts de quelques-uns et le football est la source de bien des fléaux comme le racisme, la corruption, ou l'esclavage moderne». Pour M.Blatter, «les fléaux dénoncés par M.Kadhafi ne trouvent pas leur origine dans le football mais dans nos sociétés. Le racisme n'est pas dans le football mais autour du football. J'ajouterais même que le foot est un exemple d'intégration. Ce qui n'empêchera pas la Fifa de poursuivre sa lutte contre cette dérive...Comment Mouammar Kadhafi peut-il nous accuser d'esclavagisme avec les joueurs africains alors qu'en organisant la Coupe du monde 2010 en Afrique Du Sud nous manifestons notre attachement à ce continent et à son football?». Revenant sur les fédérations affiliées à la Fifa, M.Blatter souligne que «depuis trois ans, nous faisons un énorme effort de réorganisation des fédérations sur tous les continents: indépendance, élections, refonte et démocratisation des statuts, élimination des dirigeants malhonnêtes, association des acteurs du foot aux mécanismes de décision, etc. Tout n'est pas parfait mais les progrès sont notables». La périodicité (tous les deux ans) de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) et les relations entre les joueurs africains sélectionnés et leurs clubs qui les emploient ont amené la Fifa et la CAF à jumeler les éliminatoires de la CAN avec celles de la Coupe du monde. M.Blatter montre sa satisfaction de cette formule. «Cette périodicité crée des complications, c'est certain, a-t-il dit. Mais elle est essentielle au développement du football africain et de ses infrastructures. Je sais que la CAF travaille à atténuer les contraintes de calendrier que posent, actuellement, les dates de la CAN-2008 au Ghana. Il serait prématuré de s'avancer sur le format de la compétition préliminaire de la Coupe du monde et de la CAN 2010. Néanmoins, la formule combinée retenue pour 2006 a trouvé un écho très favorable à tous les niveaux». A une question relative aux droits de télévision pour la Coupe du monde, le président de la Fifa a indiqué que «celle-ci n'a pas négocié directement les droits de retransmission avec les diffuseurs mais a confié cette tâche à la société Infront Sports & Media. Pour la Coupe du monde 2010, l'obligation de sous-licencier des matches en clair (avec 22 matches définis à l'avance) améliorera très sensiblement la situation. Rappelons toutefois que l'Asbu (Union de radiodiffusion des Etats arabes) a répondu à l'appel d'offres pour 2010 mais qu'elle a perdu.» Concernant, enfin, sa propre succession en 2007 et le soutien unanime des 53 associations nationales africaines, M.Blatter fait état de son désir de «poursuivre le travail positif réalisé au niveau de la mission principale de l'institution...Je souhaite, également, ouvrir trois chantiers majeurs pour la période 2007-2011...(parmi ceux-ci), le projet ´´Gagner en Afrique avec l'Afrique´´ est le symbole de cette nouvelle approche. J'espère qu'elle sera partagée par les 53 fédérations africaines ainsi que par l'ensemble des associations membres de la Fifa».