Le pacte économique et social doit accompagner le plan de relance économique dans son application. C'est aujourd'hui que sera installé le groupe de travail chargé de l'élaboration du pacte économique et social. Le pacte économique et social sera au menu de la prochaine tripartite, qui regroupera l'Union générale des travailleurs algériens, Ugta, le patronat et le représentant du gouvernement, M.Tayeb Louh, ministre du Travail ; en principe, elle devrait dépasser le cadre classique de l'augmentation des salaires et des conventions de branche. En plus du but initial qu'on lui a assigné, c'est-à-dire la codification des relations de travail, du droit syndical, du droit du travail, le pacte économique et social doit accompagner le plan de relance économique dans son application. C'est dans cette optique que doit se dessiner l'ossature de ce contrat triangulaire et se construire l'architecture du futur pacte économique et social, qui, s'il est élargi au domaine de la santé et de l'éducation, aboutira à la naissance d'un véritable projet de société. «Faire un diagnostic précis et transparent de la situation économique et sociale que vit l'Algérie», suggère l'Ugta. L'évolution d'une économie extractive vers une économie productive, en particulier, et le passage d'une économie planifiée à une économie de marché en général, entraînent des profondes mutations avec des conséquences parfois dramatiques pour les salariés. Plans de restructuration, licenciements. 3000 à 3200 entreprises à travers le territoire algérien périclitent chaque année. La fusion de l'indien Mittal et du français Arcelor a fait passer bien des nuits blanches aux métallurgistes du complexe sidérurgique d'El Hadjar. Et c'est le devenir de l'industrie sidérurgique algérienne qui se pose dans la perspective de l'entrée de notre pays dans le marché mondial. Plus loin de nous, la restructuration industrielle menée en France dans les années 80 et ses conséquences sur le bassin minier de Lorraine. Ou encore plus récemment, la crise qui a frappé de plein fouet l'industrie textile de certains pays européens, suite à l'invasion et à la concurrence du textile chinois. Les conditions imposées par la mondialisation sont sans état d'âme. Salah Djenouhat, secrétaire national à l'organique de l'Ugta, a insisté sur la préservation de l'outil de travail, la pérennité de l'entreprise et le maintien de l'emploi. Les fédérations affiliées à la Centrale syndicale s'interrogent sur le sort des travailleurs licenciés et les salaires impayés. Paradoxalement, c'est en pleine embellie financière qu'ont éclaté les conflits dans différents secteurs. Les praticiens de la santé, les vétérinaires, l'enseignement supérieur...Souvent mises en sourdine, les révoltes des citoyens contre le chômage, le manque de logements, la malvie ont enflammé le front social et c'est sur fond de «crise sociale larvée», qu'ont eu lieu les augmentations de salaires qui ont apaisé un tant soit peu un front social en proie à l'effervescence. Sans visibilité plus nette, la logique de production actuelle tend vers un consensus autour du surplus financier qui découle des revenus pétroliers. Un type d'économie qui consiste en la construction du partage de la rente pétrolière. Revendication légitime, au-delà de toutes les considérations. Quand on connaît le gros handicap que représente notre économie dont les bénéfices ne sont dégagés que grâce aux rentrées d'argent engrangées par le commerce des hydrocarbures, l'on imagine déjà l'effort qui nous reste à faire pour la mise en place d'entreprises performantes basées sur l'expertise, le savoir-faire et une administration saine extraite aux effets pervers de la bureaucratie. Pour qu'il soit couronné de succès, le pacte dans son volet économique devra s'appuyer sur plus de débats et de communication afin d'insuffler une nouvelle dynamique à la société. Toutes les sociétés s'organisent autour des ressources qu'elles détiennent pour assurer leur développement et le développement de leurs moyens technologiques, du savoir-faire dont elles disposent pour mener à bien leurs missions. De toutes les façons, le pacte économique et social dont on prendra acte probablement cet autonome, dépendra et fluctuera au gré des nouvelles conjonctures sociales et économiques qu'auront à subir notre économie et notre société. C'est un texte qui sera amené à être certainement revisité et revu.