Un sévère réquisitoire a été prononcé, hier, par le procureur général à l'encontre des accusés dans le meurtre de Djamel Bensmaïl. Le parquet a demandé des peines maximales prévues par la loi. Ainsi, une peine de 10 ans de prison ferme assortie d'une amende de 500 000 dinars a été requise contre 25 accusés poursuivis en correctionnel tandis qu'une peine capitale a été requise contre 76 autres accusés poursuivis en pénal. Pour le représentant du ministère public, alors que les accusés ont justifié leur présence sur les lieux du crime par leur intention de donner un coups de main à la police, il se trouve qu' à travers la projection des vidéos aucune personne n'a essayé vraiment d'apporter de l'aide aux éléments de la Sûreté nationale. «Les faits commis par les accusés constituent sans conteste des actes terroristes et subversifs visant la sécurité de l'Etat, l'unité nationale et le fonctionnement normal des institutions de l'Etat en créant la terreur et un climat d'insécurité parmi la population...», a-t-il encore estimé. Il est démontré à travers des enregistrements vidéos diffusés sur les réseaux sociaux et d'autres témoignages qu' «un groupe d'accusés a participé à une manifestation non armée, la prise d'assaut du siège de la sûreté de daïra de Larbaâ Nath Irathen, la destruction du véhicule de la police et l'appel à la haine et au racisme...». Le parquet considère comme «avérée l'implication du MAK dans ce meurtre». En guise de preuve, le procureur général évoque «un message envoyé sur Messenger par un membre du MAK résident en France à un représentant dudit mouvement à Larbaâ Nath Irathen à la veille du meurtre». Ce message prévoyait «l'avènement d'un important évènement le jour du meurtre et suggéré de demander aux commerçants d'observer une grève en baissant les rideaux», indique-t-on. Il est aussi démontré, selon le procureur par «l'envoi d'une somme d'argent, estimée à 1000 dollars depuis le Canada à un des accusés, mais aussi par le fait qu'un des accusés a tenté d'appeler le président du MAK, Ferhat Mehenni, réfugié en France». À ce propos, l'accusé avait déclaré qu'il avait appelé Ferhat Mehenni, sans savoir qu'il s'agissait de son numéro pour demander de l'aide car sa femme était sur le point d' accoucher. Toutefois, pour la première fois dans les annales de la justice algérienne, pendant près d'une heure des séquences vidéos montrant des scènes de crime ont été diffusées. Ce sont les mêmes vidéos filmées et diffusées sur les réseaux sociaux par les accusés eux-mêmes. Ces séquences montraient des détails de ce crime odieux depuis l'interception de la victime, en passant par son extraction de force du fourgon de la police jusqu'à ce qu'il fut brûlé. Les vidéos montrent aussi le lynchage de la victime, dépouillée de ses pièces d'identité, ses objets personnels ainsi que son téléphone portable. Elles révèlent aussi le traînage par terre sur une distance de près de 200 mètres de la victime. Elles montraient aussi des accusés en train de trancher la tête de la victime totalement calcinée. Pour les six avocats des parties civiles qui se sont relayés à la barre, «tous les éléments fondamentaux constituant le crime d'homicide volontaire avec préméditation sont réunis». Ces derniers ont demandé réparation des préjudices en faveur de la famille de la victime. Les accusés sont poursuivis pour plusieurs chefs d'inculpation dont «commission d'actes terroristes et subversifs attentatoires à la sécurité de l'Etat et à l'unité nationale», «participation à un homicide volontaire avec préméditation et guet-apens», «incitation à la violence contre les membres de la force publique», «incitation à la discrimination et diffusion du discours de haine et autres accusations».