Que cache cette offensive des pays occidentaux, Etats-Unis en tête, contre le pétrole russe? Il y a bien sûr l'objectif avoué de réduire les revenus russes pour tarir son financement du conflit armé qui l'oppose à l'Ukraine et celui plus sournois de faire baisser les prix de l'or noir. Une «guerre du pétrole» qui ne dit pas son nom. Une thèse qui tient parfaitement la route: les prix du Brut ont clos la semaine qui s'est achevée, vendredi dernier, en baisse dès que l'accord européen qui prévoit d'imposer un plafond de 60 dollars par baril au pétrole russe vendu à des Etats tiers a été annoncé. Le dispositif vise à interdire aux entreprises de fournir les services permettant le transport maritime (fret, assurance, etc.) du pétrole russe au-delà du plafond de 60 dollars, afin de limiter les recettes tirées par Moscou de ses livraisons à des pays comme la Chine et l'Inde. Il faut savoir que l'Inde consomme environ 5 millions de barils par jour, ce qui la place au troisième rang mondial, derrière les Etats-Unis et la Chine. C'est dire toute l'étendue de cette mesure qui vient compléter l'entrée en vigueur de l'interdiction d'achat du pétrole russe qui se télescope avec la décision de la baisse de l'Opep+ qui doit tomber demain. Quelle décision prendra-t-elle? L'on sait d'ores et déjà que les 13 pays de l'Opep et leurs 10 alliés hors organisation, maintiendront leur baisse de 2 millions de barils par jour décidée le 5 octobre dernier, entrée en vigueur le 1er décembre. «La réduction actuelle de 2 millions de barils par jour par l'Opep+ reste en vigueur jusqu'à fin 2023. Et s'il est nécessaire de prendre des mesures comme réduire la production pour équilibrer l'offre et la demande, nous sommes toujours prêts à intervenir», avait déclaré le ministre, le Prince Abdel Aziz ben Salmane. Une décision qui n'a pas réussi à enrayer la détérioration des prix du pétrole qui a perdu environ 55 dollars en 9 mois. Hormis la carte de la baisse de la production les «23 n'ont pas d'autre alternative pour faire rebondir les cours. Faut-il s'attendre donc à une nouvelle coupe tout aussi conséquente? Très probable. Elle bénéficiera en tout cas d'un soutien sans faille de la part de la Russie, membre important de l'Opep+ et poids lourd du marché mondial de l'or noir. Une riposte aux mesures de l'UE et du G7 qui indiquent que la guerre de l'or noir ne fait que commencer. L'embargo de l'UE va, de son côté, incontestablement aggraver le contexte de l'offre de pétrole et maintenir le marché en sous approvisionnement de quelque 1,5 à 2 millions de barils. En outre si pour les Russes cela doit représenter un manque à gagner de quelque 10 milliards de dollars, pour les Européens qui importaient plus de 3 millions de barils de pétrole brut et de produits pétroliers par jour de Russie, il va falloir trouver d'autres fournisseurs. Un rôle que n'assumera sans doute pas l'Opep+, qui renferme en son sein la Russie, deuxième plus grand exportateur de pétrole brut au monde, qu'elle a décidé de ne pas lâcher. Un membre incontournable de l'alliance qui a contribué au redressement des cours de l'or noir et qui joue un rôle prépondérant, quant à leur stabilisation, depuis l'accord scellé entre les 13 membres de l'Opep et leurs 10 partenaires hors organisation, lors de la 171e réunion de la Conférence de l'Opep, tenue le 30 novembre 2016 à Vienne, en Autriche. Un contexte qui indique que le marché de l'or noir est sur une «poudrière». À qui bénéficiera-t-il? Aux pays occidentaux emmenés par des Américains? Il faut rappeler que le président des Etats-Unis, Joe Biden, a fait une pression terrible, teintée de représailles, sur l'Arabie saoudite chef de file du Cartel pour que l'Opep+ baisse sa production afin de faire baisser les prix. Riyadh lui avait opposé une fin de recevoir. À l'Opep+? Il va sans doute attendre demain pour savoir de combien elle a décidé de réduire son offre et quel effet a-t-elle eu sur les prix. Le baril indiquera quelle salve a fait mouche...