L'Opep+ avait décidé de baisser sa production de 2 millions de barils le 5 octobre. Reconduite le 4 décembre, elle s'est avérée impuissante à enrayer la détérioration des prix de l'or noir, deux séances consécutives durant. Lundi, première séance de cotation de la semaine, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en février, a lâché 3,37%, pour clôturer à 82,68 dollars. Il avait pris jusqu'à près de 4%, avant de basculer dans le rouge. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en janvier, a connu un sort identique. Après avoir gagné jusqu'à 3,42%, il a fini par céder 3,81%, pour terminer à 76,93 dollars. Force est de constater que les cours de l'or noir qui étaient sur une courbe ascendante ont dû déchanter. Qui en est responsable? L'élan a été brisé par un article du Wall Street Journal qui laissait entendre que la banque centrale américaine (Fed) pourrait continuer à relever son taux directeur plus longtemps que prévu par les opérateurs, indique Phil Flynn, de Price Futures Group. «Cela a renversé le marché. On était concentré sur l'offre, qui est tendue, et les bonnes nouvelles de Chine, mais tout ça a été effacé par l'appréhension d'une Fed plus agressive dans ses hausses de taux», ce qui risquerait de freiner brutalement l'économie et d'asphyxier la demande de pétrole, a-t-il expliqué. Les analystes, il faut le rappeler, avaient abaissé leurs prévisions concernant la demande pétrolière de la Chine, premier importateur mondial d'or noir, en fin d'année avec la recrudescence de l'épidémie de Covid-19, dans l'Empire du Milieu. «Nous revoyons à la baisse notre prévision de demande de 1,2 million de barils par jour (bpj) au quatrième trimestre», ont annoncé les analystes de Goldman Sachs qui restaient toutefois confiants pour une réouverture du pays au deuxième trimestre 2023. «La demande restera faible en glissement annuel au premier trimestre 2023 avant d'augmenter à 15 millions de bpj au deuxième trimestre, lorsque le pays commencera selon nous à se rouvrir, en levant lentement la plupart des restrictions de circulation dès avril», a déclaré, pour sa part, Sun Jianan, analyste du cabinet de conseil Energy Aspects. Le baril avait cependant l'oreille tendue ailleurs: sur l'information du quotidien américain annonçant une hausse plus longue que ce qui était prévu du taux directeur de la Banque centrale américaine. Ce qui a coupé net l'élan des cours de l'or noir. Il faut se souvenir que le Wall Street Journal n'en est pas à sa première tentative de déstabilisation des prix. L'Arabie saoudite, qui codirige l'Opep+ avec la Russie, et d'autres membres du Cartel envisageaient une «augmentation allant jusqu'à 500 000 barils par jour», avait assuré le 21 novembre 2022 le journal américain. Le jour de cette publication les cours de l'or noir ont chuté à leur plus bas depuis janvier 2022. Ils en prenaient le chemin, hier. Les prix du pétrole demeuraient sous le «choc» de l'annonce du Wall Street Journal, quotidien économique et financier le plus vendu au monde, d'une possibilité de nouvelle hausse du taux des différentes grandes banques centrales vers mi-décembre. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février cédait 1,38 dollar, hier, vers 14h00 pour afficher 81,30 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en janvier, reculait de son côté de 1,32 dollar à 75,61 dollars. De fortes pertes ont été enregistrées lundi en fin de journée et se poursuivaient hier, après des indicateurs révélant que l'économie américaine «est encore dynamique, ouvrant la voie à de nouvelles hausses des taux d'intérêt», a noté Ricardo Evangelista d'ActivTrades. Or, une nouvelle hausse des taux d'intérêts de la Réserve fédérale américaine (Fed) mi-décembre réduirait «les perspectives de croissance à court et moyen terme, un scénario qui entraînerait une baisse de la demande de pétrole, a-t-il expliqué. Un soutien incontestable au dollar, devise avec laquelle se négocie l'achat d'or noir. Son appréciation réduirait le pouvoir d'achat des acheteurs utilisant des devises étrangères et se répercuterait négativement sur les prix. Ce qui les ramènerait à leur plus bas niveau de l'année. Une situation qui pousserait l'Opep+ dont la prochaine réunion est prévue le 1er février 2023 à procéder à une nouvelle coupe.