A cause de l'overdose de l'offre du football sur tous les continents, on a ainsi peu focalisé sur les excellentes nouvelles en provenance du front pétrolier où la tendance haussière se consolide avec un baril qui caracole vers la barre psychologique des 100 dollars ! Différents analystes pétroliers, bancaires et géopolitiques voient même le pétrole atteindre 125 dollars cette année et 150 dollars en 2023 ! Et 2023, c'est demain ! En effet, les prix grimpaient déjà vendredi, les deux références du brut évoluant au-dessus de la barre symbolique des 90 dollars le baril, dopés par une demande solide et des tensions sur l'offre issues de risques géopolitiques. Les cours ont encore grimpé plusieurs marches vendredi, poussés donc par une conjonction de facteurs favorables, du froid qui dure aux Etats-Unis, aux doutes persistants sur l'Opep, en passant par la crise ukrainienne qui semble s'installer. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en avril, a gagné 2,37%, pour finir à 93,27 USD. En séance, il est monté jusqu'à 93,70 dollars, pour la première fois depuis début octobre 2014. À New York, le baril de WTI, pour livraison en mars, a, lui, pris 2,25%, pour clôturer à 92,31 dollars. Il s'est même aventuré jusqu'à 93,17 dollars en séance, une première depuis fin septembre 2014. Il y a notamment une inquiétude significative au sujet de la situation au Texas, cet Etat étant en effet frappé par une tempête hivernale rude qui a fait plonger les températures nettement en dessous de zéro dans certaines régions. Une tempête arrive aussi dans le nord-est du pays, zone la plus peuplée des Etats-Unis, ce qui a entraîné une augmentation nette de la consommation d'énergie. Cette flambée intervient dans un contexte de réserves plus faibles que la moyenne, sachant, en outre, que la période correspond d'autre part à l'entretien des raffineries, ce qui diminue mécaniquement leur taux d'utilisation. Les opérateurs doutaient, d'autre part, de la portée de l'annonce de l'Opep et ses alliés de l'Accord Opep+, qui se sont engagés mercredi à une nouvelle augmentation de 400 000 barils par jour en mars. Mais faute de capacités suffisantes, on reste sceptiques par rapport à la capacité des producteurs Opep et hors Opep d'augmenter leur production de manière significative. Ces tensions réelles s'ajoutent à la crise ukrainienne qui ne semble pas devoir connaître d'issue à court et à moyen terme. Le soutien des prix est ainsi venu des vives tensions géopolitiques autour de cette crise. La forte augmentation de la prime de risque due au conflit Russie-Ukraine galvanise toujours les prix de l'or noir, inquiétant sérieusement les marchés quant à des perturbations de l'offre. Les USA ont prétendu jeudi «détenir» des preuves que la Russie envisagerait de simuler une fausse attaque ukrainienne contre la Russie afin de l'utiliser comme prétexte pour envahir son voisin. De son côté, le Kremlin a exhorté à ne pas croire «sur parole» les accusations américaines. En termes de perspectives, tant que les contraintes de l'offre et la résilience de la demande persisteront, cette dynamique se conjuguera pour renforcer la tendance à la hausse du pétrole. Morgan Stanley, la grande banque américaine de financement qui opère dans 42 pays, s'attend même à ce que les prix du pétrole atteignent assez rapidement la barre psychologique des 100 dollars le baril dès le second semestre, devenant ainsi la dernière grande banque de Wall Street à prévoir des prix du pétrole à trois chiffres d'ici fin 2022. Le marché pétrolier se dirige par conséquent, à pas sûrs, vers un « triple déficit » dû à la faiblesse des stocks, des capacités de production inutilisées ainsi que de faibles investissements, a déclaré Morgan Stanley dans une note reprise par Reuters. Les principaux marchés de produits pétroliers (essence, carburéacteur et gasoil/diesel) affichent tous des marges de crack élevées, une forte déportation et des stocks tombés à de faibles niveaux. Rien de tout cela ne signale alors une faiblesse de la tendance, ont souligné les analystes de Morgan Stanley dans leur note. La célèbre banque de New York est ainsi la dernière institution d'investissement à prédire que le pétrole se dirige vers un prix à trois chiffres dès cette année, dans un contexte de demande résiliente, de baisse significative des stocks et de diminution importante de la capacité de réserve de l'Opep+, qui augmente sa production. Dans un tel contexte restrictif, seuls l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis pourraient produire des barils supplémentaires pour alimenter le marché, notent les analystes de Morgan Stanley. Pour sa part, Goldman Sachs, l'autre géant bancaire mondial de l'investissement, estime que les prix du pétrole pourraient atteindre résolument 100 dollars cette année et monter encore plus en 2023, grâce à un «déficit étonnamment important» dû à l'impact plus faible et potentiellement plus bref d'Omicron sur la demande de pétrole. En raison de la substitution du gaz au pétrole, des déceptions de l'offre et d'une demande plus forte que prévu au quatrième trimestre 2021, les stocks de l'OCDE devraient plonger d'ici l'été à leurs plus bas niveaux depuis 2000, notent les analystes de Goldman Sachs. De plus, la capacité de réserve de l'Opep+ devrait également baisser à des niveaux historiquement bas d'environ 1,2 million de bpj. Déjà, à seulement 85 USD le baril, le marché resterait à ces niveaux critiques, marqués par des tampons insuffisants par rapport à la demande et aux volatilités de l'offre, jusqu'en 2023, indique Goldman Sachs dans une note analytique. Enfin, la vieille institution JP Morgan Chase, la plus grande banque des Etats-Unis, s'attend de son côté à ce que la baisse des capacités de réserve de l'Opep+ augmente sensiblement la prime de risque des prix, et voit le pétrole atteindre 125 dollars le baril cette année et 150 dollars le baril l'année prochaine. De bons augures pour les réserves de change de l'Algérie ! N. K.