La guerre aux spéculateurs. En 2022, l'Algérie a fait de la lutte contre ce fléau l'une de ses grandes priorités. Grosses saisies, arrestations et peines de prison font presque chaque jour la une de la presse nationale. Jeudi dernier, le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, a fait un premier bilan de cette grande bataille. Il indique dans ce sens que des milliers de tonnes de produits alimentaires ont été saisies par les services de contrôle et de répression de la fraude. «4962 tonnes de marchandises et 358.946 litres d'huile de table subventionnée, d'une valeur globale de 320 millions DA», a fait savoir le ministre lors d'une séance plénière à l'Assemblée nationale populaire (APN). Ainsi, selon les chiffres donnés par Rezig, l'huile subventionnée et à un degré moindre le sucre, sont les produits les plus «appréciés» par les spéculateurs. « Nos services ont effectué 196.313 interventions relatives à l'huile et au sucre», a-t-il fait savoir. «9.978 infractions ont été constatées, 9.546 PV de poursuites judiciaires ont été établis», poursuit-il indiquant que la valeur de la marchandise saisie est estimée à 272 millions DA. Autre produit objet de toutes les convoitises, la banane. «Les pouvoirs publics ont autorisé 181 opérateurs à importer 159.000 tonnes de bananes», précise le premier responsable du secteur. Il note une «flambée» des prix de ce fruit exotique, tant apprécié par les Algériens. «La conjoncture internationale a conduit à la hausse des prix de ce produit sur les marchés», a-t-il souligné. Néanmoins, il admet que ce n'est pas la seule raison de ces augmentations. «Notre département ministériel a lancé une enquête approfondie pour déterminer les causes», a-t-il révélé. Il annonce, dans ce sens, que 897 tonnes de bananes ont été saisies durant les 11 premiers mois de 2022. Elles étaient stockées dans les chambres froides afin de provoquer un manque sur le marché avant de les ressortir, une fois que les prix ont augmenté. À ce propos, Kamel Rezig insiste sur les contrôles de chambres froides. «Elles sont devenues le théâtre de la spéculation. On a donné des instructions fermes à l'effet de renforcer leur contrôle et de déstocker les produits qui seraient destinés à la spéculation», a-t-il mis en avant. Outre ces contrôles, la répression des fraudes table sur la fermeture administrative définitive des commerces. le«133 propositions ont été faites dans ce sens en 2022», note le ministre. Il assure également que le secteur avait initié une révision de l'ordonnance 03-03 relative à la concurrence. «Elle est actuellement au niveau du secrétariat général du gouvernement», précise t-il. Le ministre du Commerce a fait part aux députés de la volonté de l'Etat à poursuivre sa lutte acharnée contre ce crime qu'est la spéculation. Il a mis en avant les résultats notables constatés sur le terrain à travers la disponibilité de certains produits alimentaires, qui avaient disparu de la circulation depuis des années. Le lait en sachet en est le parfait exemple. Il fallait que les citoyens se lèvent aux aurores pour se procurer un sachet de lait subventionné. Aujourd'hui que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a sonné la fin de la récréation, le lait subventionné «coule à flots». On le trouve dans presque tous les commerces et à n'importe quelle heure de la journée. Il faut dire que le chef de l'Etat a tapé d'une main de fer en criminalisant l'acte de spéculer. La loi «punit d'un emprisonnement de trois ans à dix ans et d'une amende de 1000000 DA à 2000000 DA» toute personne ayant été arrêtée en train de «spéculer» sur une quelconque marchandise. Ce qui a fait que les grosses peines de prison «fusent» ces derniers mois. Ce qui a «refroidi» beaucoup des membres de cette «mafia». Toutefois, certains «canards boiteux» continuent de jouer avec le «pain» des Algériens. Ils prennent le risque de spéculer, pensant ne pas se faire attraper. Comme ce commerçant de Sétif qui a stocké 1350 tonnes de poulet congelé afin de provoquer une perturbation du marché. Il a été mis hors d'état de nuire la semaine dernière après une descente des gendarmes dans ses chambres froides. Il a été condamné, jeudi dernier, à 7 ans de prison ferme et deux millions de dinars d'amende. Les pouvoirs publics sont donc déterminés à poursuivre cette «guerre» jusqu'à «l'élimination» du dernier spéculateur...