Quand en 2019, le Mouvement populaire «Hirak» avait réclamé le départ des symboles de la corruption et des membres de la «Issaba», personne ne pouvait penser que cette revendication allait prendre une signification plus approfondie sur le terrain de la réalité. En fait, l'histoire qui en a découlé a connu une succession d'événements inattendus et, pour le moins, audacieux. En effet, la chute de l'ancien système a provoqué un remue-ménage organique et judiciaire historique au sein des arcanes du pouvoir, alors. Les Algériens découvraient, pour la première fois, ces fameuses Istn (interdictions de sortie du territoire national), qui avaient touché les plus illustres personnalités et hommes d'affaires proches alors des centres de décision. Aux Istn allaient succéder les mises en examen et accusations, suivies de mandats de dépôt à l'encontre de nombre d'anciens ministres, walis et autres hommes d'affaires. Des parlementaires en exercice, impliqués dans des affaires scabreuses, ont vu leur immunité voler en éclats, suite à des enquêtes les mettant directement en cause. Les deux anciens Premiers ministres, cités dans des affaires de corruption et de dilapidation de deniers publics, ont été traduits manu-militari devant la justice et mis sous mandat de dépôt. Les Algériens découvraient, pour la première fois, l'étendue et la puissance de l'appareil judiciaire de leur pays. Personne n'était à l'abri des poursuites judiciaires et des requêtes de justice. Personne ne pouvait se targuer d'être immunisé. Les arrestations et les mises en examen officielles devenaient monnaie courante et les milieux de la Issaba allaient vivre leur dernier quart d'heure, au grand bonheur des citoyens algériens inquiets du devenir de leur pays. Trois années se sont écoulées depuis ces instants fatidiques qui allaient changer la face de l'Algérie contemporaine et les procès des anciens hauts responsables de l'état, ainsi que ceux auxquels ils étaient liés, n'ont pas encore fini de dévoiler l'ampleur du mal engendré à certaines institutions du pays. Que de chemin parcouru depuis. C'est le sens à donner à ce tweet du président de la République lancé, vendredi, sur son compte officiel Tweeter, où il exhorte les Algériennes et les Algériens à poursuivre le chemin de l'assainissement des niches de la corruption et à parachever la lutte contre ce phénomène dévastateur. «Nous avons fait de grands pas ensemble dans la lutte contre la corruption et la responsabilisation des corrompus, et nous sommes toujours fidèles à cet engagement. J'appelle les Algériennes et les Algériens, chacun à partir de son poste, en cette Journée internationale de lutte contre la corruption, à poursuivre le combat», notait le président Tebboune. Un engagement réitéré par la plus haute institution du pays, à savoir la présidence de la République, quant à poursuivre le combat sans répit, ni déviation. Dans ses différentes interventions, Tebboune avait souligné son engagement quant à mener une lutte implacable contre ce fléau dévastateur et un démantèlement des cercles affiliés. La Journée internationale de lutte contre la corruption a été l'occasion pour le président de la République de rappeler ses engagements à cet effet. Des engagements qui sont, au demeurant, appuyés par des actions et, surtout des résultats probants et palpables. D'abord, «la responsabilisation des corrompus» où plus d'une quarantaine d'anciens hauts responsables et hommes d'affaires ont été déférés par- devant la justice et incarcérés. Ensuite, l'Etat a procédé à la réactualisation son arsenal juridique et mis en conformité sa législation afin de l'adapter aux normes internationales, suite à la révision de la Constitution de novembre 2020. Afin de parfaire son arsenal juridique et ses instruments de lutte contre la corruption, l'Algérie a mis en place la haute autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption (Hatplc). Une instance qui vient renforcer le cadre institutionnel pour veiller à la préservation des deniers publics et la moralisation de la vie publique nationale. À l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre la corruption, la présidente de la haute autorité de transparence Hatplc, Salima Mesrati a rappelé, devant les responsables du programme des Nations unies(Pnud) en Algérie et des membres du Parlement, les engagements de l'Algérie dans la lutte contre ce fléau dangereux pour la société mondiale. Par ailleurs, le secrétaire général de la Haute autorité de transparence, Moulay Larbi Chaâlal a rappelé, jeudi dernier, qu'un «projet de loi indépendante» visant la protection des lanceurs d'alerte était en préparation. «Le signalement est l'un des mécanismes les plus importants pour lutter contre la corruption, mais malheureusement en Algérie nous n'avons pas cette culture, d'autant plus que les lanceurs d'alerte craignent les menaces et les provocations auxquelles ils peuvent être exposés», devait-il déclarer sur les ondes de la Radio nationale.