La coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Joanna Wronecka, a exprimé hier, son impatience quant à «l'urgence pour toutes les parties de donner la priorité à l'intérêt du Liban et de travailler ensemble pour l'élection d'un nouveau président et l'autonomisation des institutions de l'Etat», selon les médias locaux. Mme Wronecka a livré ce propos sur Twitter après avoir discuté avec un député du Hezbollah, Mohammad Raad qui l'a informé des «risques sérieux d'une impasse politique prolongée au Liban». Un peu plus tôt, elle avait rencontré le Premier ministre Nagib Mikati au Grand Sérail. Le Liban est toujours dans l'impasse d' une double vacance du pouvoir exécutif. Le pays est sans président depuis la fin de mandat de Michel Aoun en octobre, et le cabinet de Mikati, démissionnaire depuis les élections législatives de mai, reste seulement en charge des affaires courantes. Depuis la première réunion du Parlement en charge de la désignation du successeur de Michel Aoun, neuf sessions parlementaires consécutives n'ont pas permis d'élire un nouveau chef d'Etat. Le Hezbollah et ses alliés ont constamment déposé le bulletin nul, faute de consensus sur un candidat unique. Le parti chiite penche, comme on l'a déjà indiqué dans ces mêmes colonnes, pour le chef des Marada, Sleiman Frangié, mais le Courant patriotique libre (CPL) de Michel Aoun et de son gendre Gebran Bassil, chef du parti, affiche clairement son hostilité au candidat du Hezbollah. Du coup, le front qui avait prévalu des années durant s'est fissuré et rien n'indique que les choses vont rentrer bientôt dans l'ordre. Le Parlement va encore se livrer demain à une dixième tentative dont il est clair qu'elle sera vaine puisque rien de nouveau n'a caractérisé la donne libanaise, ces derniers jours. L'entente de Mar Mikhaël que Hassan Nasrallah, pour le parti chiite, et Michel Aoun, pour le CPL, avaient scellée un 5 février 2006 est bel et bien caduque, même si Gebran Bassil s'en défend et laisse la porte ouverte à une «réconciliation» pour peu que le Hezbollah lui concède l'accès à la présidence du Liban. Or, la crise entre les deux camps est grande et la recherche de points de convergence reste infructueuse. Le Hezbollah ne veut pas d'un candidat «inféodé aux Etats-Unis» quand Bassil a multiplié, ces dernières semaines, les appels à un dialogue «sérieux et constructif» tout en plaçant Nasrallah au-dessus de la mêlée. Lequel Nasrallah tient fermement à la candidature de Sleimane Frangié parce qu'il «ne poignardera pas la résistance dans le dos», contrairement à ce que sont supposés prêts à faire les partis maronites. Côté CPL, on brandit les concessions successives faites au Hezbollah qui maintient son soutien au leader de Zghorta malgré l'offre de choisir une autre personnalité. Gebran Bassil a accepté le choix de Nabih Berry pour présider le Parlement, au lendemain des législatives de mai dernier, puis celui de Nagib Mekati pour diriger le gouvernement mais, répète le CPL, la présidence du Liban est «une ligne rouge» et le parti aouniste a le droit de formuler des réserves. Telles sont les données du bras de fer, le Hezbollah ne lâchera jamais le chef des Marada car il estime avoir une dette envers Sleimane Frangié depuis 2016 et malgré sa colère, le CPL est condamné à garder ouverte la porte du dialogue, quitte à poursuivre des sessions parlementaires encore stériles.