Le Liban est à la croisée des chemins. Le nouveau Premier ministre, Najib Mikati, éprouve d'énormes difficultés à convaincre les différents partis politiques libanais d'intégrer son futur gouvernement. Certains analystes estiment même qu'il est quasiment impossible d'atteindre cet objectif, ce qui comporte des risques de dérapage dans le pays, déjà fragile sur le plan économique et social. L'Alliance du 14 Mars a délégué son président Amine Gemayel pour négocier les conditions de sa participation, ce qui n'est pas le cas du Hezbollah (à l'origine de la chute du précédent gouvernement de Saad Hariri) qui surveille le développement de la situation de loin. M. Mikati a toutefois du mal à mener les discussions avec Michel Aoun, l'ancien chef des armées et leader du Courant patriotique libre (CPL), et avec le chef des Marada Sleimane Frangié. Les deux leaders ne veulent pas laisser le terrain libre à l'Alliance du 14 mars à laquelle M. Mikati aurait proposé une participation assez importante au futur gouvernement. MM. Aoun et Frangié ont ainsi signifié leur refus. L'ancien chef de gouvernement et leader du Courant du futur, Saad Hariri, a indiqué que son parti ne participera pas à un gouvernement dirigé par un homme du «8-Mars», faisant allusion à Najib Mikati et à au cabinet de la coalition dont fait partie le Hezoballah (parti islamiste chiite). Le conflit opposant le Hezbollah à Saad Hariri au sujet du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), créé par les Nations unies pour enquêter sur l'affaire de l'assassinat en 2005 du défunt Premier ministre Rafic Hariri, est à l'origine de la dissolution du précédent gouvernement qui a ouvert grandes les portes de la crise actuelle. Le TSL était en fait sur le point d'accuser des membres du mouvement chiite d'être impliqués dans l'attaque à la voiture piégée à Beyrouth qui a visé Rafic Hariri. A noter que Najib Mikati n'a pas encore pris une position claire concernant le TSL, ce qui ne manque pas d'alimenter la méfiance du camp Hariri à son égard. L. M.