La construction du Grand Maghreb, en dépit des fluctuations qui ont traversé, ces dernières années, les relations entre ses membres, demeure l'objectif essentiel des Etats de la région. Et il ne pouvait en être autrement si la Maghreb a l'ambition de jouer un rôle à la mesure de ses potentialités qui sont réelles. Certes, les difficultés auxquelles font face les Etats du Grand Maghreb, ont quelque peu freiné une marche en avant dans la construction de l'Union que d'aucuns estiment vitale pour la survie du Maghreb, à tout le moins à la sauvegarde de sa personnalité propre dans un contexte fortement marqué, d'une part, par les regroupements régionaux, d'autre part par l'émergence de la mondialisation et de la globalisation comme pôle unique de développement. Et pour leur survie, les Etats maghrébins doivent avoir les reins solides. Ce qui est loin d'être le cas de pays piégés chacun par des problèmes, objectifs ou non, qui annihilent leurs potentialités intrinsèques et amenuisent les efforts fournis, par ailleurs, pour parvenir à une Union du Maghreb à même de permettre à cette région de prendre sa juste place dans un environnement international difficile qui ne pardonne ni les erreurs ni les impérities. C'est sans doute en faisant le compte de tout ce que le Maghreb avait raté sur le chemin de l'Union, des retards accumulés, que les dirigeants maghrébins semblent revenir à un état d'esprit plus ouvert, plus en adéquation avec cet ambitieux projet de l'UMA que les uns et les autres estiment impératif, incontournable! C'est dans ce contexte que l'UMA a commencé à se réveiller de son long assoupissement pour s'atteler à remettre en branle ses diverses structures à même de redonner toute sa crédibilité à un dessein qui n'est pas seulement, qui ne peut, en tout état de cause, être une simple clause de style. De fait, réactivées depuis l'année dernière, les diverses commissions de l'UMA ont repris leur travail et consultations périodiques qui augurent d'un retour probant aux affaires. C'est ainsi qu'à l'initiative de l'Algérie, le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UMA s'est réuni à la mi-janvier à Alger dans la perspective de faire le point et d'établir un programme propice à faire redémarrer sur des bases saines une Union qui a plus que jamais besoin de la solidarité de ses membres pour à tout le moins relever le défi de sa construction et de son insertion dans une mondialisation où le Maghreb aura à faire valoir les moyens de dire son mot dans les affaires du monde, plutôt que d'être le poids mort qu'il donne l'impression d'être présentement. Intervenant, dimanche, en Conseil des ministres, le Président Bouteflika n'a pas raté l'occasion de revenir sur cet important enjeu qu'est l'UMA en affirmant que l'Union «est un impératif pour les pays de la région au regard des regroupements économiques notamment les regroupements européens», insistant: «L'UMA doit se construire méthodiquement en prenant exemple sur les ensembles régionaux ainsi que sur des bases rationnelles confiantes qui prennent en compte les intérêts légitimes de tous les partenaires.» Effectivement, la construction de l'UMA est aujourd'hui, outre un engagement sincère, en jouant le jeu, mais surtout une question de confiance, tant tout est lié à la conviction et à la croyance à l'oeuvre commune que devait être l'Union du Maghreb. En fait, tout se résume à ce principe: les (dirigeants) Maghrébins sont-ils aujourd'hui prêts à cette étape qualitative? Sont-ils tous animés de la même volonté d'aboutir? Nous en saurons sans doute plus lors du Sommet des chefs d'Etat du Maghreb prévu le semestre prochain.