Les années se suivent et se ressemblent pour les occupants de la cité ouest. Ce bidonville situé en plein centre du chef-lieu de wilaya, date de l'époque coloniale. Deux grandes parties ont été éradiquées mais la partie restante persiste. Enclavée entre la nouvelle Maison de la culture, un bijou architectural, le siège de la wilaya, la cité des 130 Logements et le nouveau siège de la daïra, ce quartier est une honte pour l'Algérie post-indépendance. Les conditions élémentaires d'hygiène, le minimum pour une vie décente sont inexistantes dans ce bidonville où la tôle sert de toit à des chambres érigées avec du parpaing. Depuis quelques jours, on parle de la démolition de 18 unités qui longent la clôture de la nouvelle daïra et les deux subdivisions de la DTP et de l'hydraulique. La question qui s'impose reste de savoir pourquoi ce traitement à la carte d'un problème qui traîne depuis que Bouira a postulé au statut de wilaya? Lors d'une session APW, le wali est revenu sur ce cas et avait justifié sa temporisation au motif que les occupants exigent plusieurs logements en compensation. Cet argument, même s'il reste valable pour certains cas, ne peut, à lui seul, tout expliquer. Les recensements établis les années passées avant 1990, parlaient de 198 familles qui résidaient sur le site. En retardant l'opération, les responsables oublient que dans certains foyers, les enfants ont grandi et sont devenus eux-mêmes des parents. Le nombre de demandeurs a alors doublé, voire triplé. En prenant en compte ce paramètre, l'ancien wali, aujourd'hui à Tizi Ouzou, a pu démolir toute la partie ouest de cette cité. En associant les comités de quartier, les responsables de l'époque ont pu limiter la tricherie au maximum. Aujourd'hui, ces comités sont réduits à de simples moyens de liaison entre l'administration et les autorités. L'exécutif communal actuel a, de son côté, permis la démolition d'une bonne partie grâce à une prise en charge effective des doléances des locataires par l'actuel maire. Depuis le transfert des pouvoirs au chef de daïra concernant le logement, la situation est revenue au point de départ passant à un niveau conflictuel. Les habitants refusent de partir vers des bâtiments exigus. Ils exigent un appartement par couple marié. Les pères refusent de continuer à cohabiter avec les enfants et les belles-filles. Les autorités, elles, voient dans cette exigence un moyen de gain facile. Certes, parmi les anciens bénéficiaires certains ont vendu leurs acquis mais est-ce une raison pour sanctionner les actuels postulants? L'autre fait qui pousse les occupants à radicaliser leur position, concerne cet antécédent: Par le passé, des familles qui occupaient un seul logement ont bénéficié de 3 à 4 appartements. La rumeur qui fait état de la venue prochaine du président, la présence d'infrastructures nouvelles susceptibles d'être inaugurées par le premier magistrat du pays, fait penser que les occupants sont en position de force d'où leur décision de surenchérir pour tenter de tirer le maximum dans cette affaire. En attendant, les femmes, les enfants de la cité ouest continueront à subir les aléas d'une vie indécente sous le regard d'adultes qui calculent et projettent dans un avenir incertain.