Dans la ville d'Akbou, un bidonville devant être éradiqué et ses occupants recasés, il y a belle lurette, subsiste encore. Il s'agit de la cité du Piton, au quartier Sonatrach à quelques mètres de la RN 26, composée de 53 masures construites en parpaing, charpentées en tôle et nichées sur le flanc nord de la montagne qui abrite, sur le flanc sud, une carrière. La vie y est rythmée par les vibrations que provoquent les explosions de mines utilisées dans cette carrière. Chaque jour, on appréhende les risques de chutes de rocher. La montagne ainsi partagée ombrage ce bidonville jusqu'à favoriser l'humidité durant toute la saison hivernale et provoquer des maladies respiratoires. Les occupants de ce lieu sont pour la plupart venus des villages enclavés situés dans des zones déshéritées, fuyant la misère et à la recherche d'un bien-être social. Ce bidonville a commencé à prendre forme en 1963, lorsque le premier arrivé a érigé une baraque avant que le reste des occupants actuels ne suivent pour atteindre en 1989 le nombre d'une soixantaine de familles. Ces habitants, qui n'ont pas cessé de frapper à toutes les portes, se plaignent de n'avoir pas trouvé une oreille attentive à leurs doléances. « Nous manquons de tout », dira Lyazid, un jeune habitant qui n'a pas manqué de mettre en évidence les « souffrances » que ses pairs endurent et avec lesquelles ils ont cru devoir en finir à la faveur d'une visite du wali en 1998. « Les autorités locales nous ont aguichés par une maquette de 60 logements qu'ils devaient construire au lieudit Bouzeroual. Depuis, le projet est abandonné », ajoute notre interlocuteur qui énumère les insuffisances qui font partie de leur lot quotidien. « La route pentue et exiguë n'est pas carrossable et difficilement praticable à pied, notamment en hiver. Il est aussi lamentable qu'on ne nous accorde même pas un projet pour l'évacuation des eaux usées », souligne-t-il en soulevant ainsi le problème d'absence de réseau d'assainissement qui a contraint les habitants à recourir aux fosses septiques. « Comme on nous refuse le branchement d'eau potable, nous prenons notre mal en patience pendant des années en se contentant d'une fontaine publique que nous avons aménagée par nos propres moyens », enchaîne notre interlocuteur qui a du mal à contenir sa colère en évoquant, le problème de l'énergie électrique dont beaucoup d'habitations sont dépourvues. « Hormis ces quelques habitations situées aux abords de la grande route qui sont alimentées en courant électrique, tout le reste ne l'est pas et les occupants ont eu recours au système D pour avoir de l'électricité », poursuit-il.