Le transport des clandestins est devenu l'une des activités génératrices de richesse. La proposition portant sur la création d'une force d'intervention commune pour la lutte contre l'immigration clandestine, sera abordée aujourd'hui à Bruxelles, dans le cadre de la réunion desministres de l'Intérieur des 25 pays composant l'Union européenne (UE). Annoncée mercredi dernier par le commissaire européen chargé de la justice et des affaires intérieures, M.Franco Frattini, la propositionsera concrétisée par la mise en place d' une équipe permanente de gardes-côtes européens, composée de 250 à 300 spécialistes comprenant des médecins et des interprètes. Cette forceestappelée à intervenir, dès qu'un Etat membre de l'UE, se confronte à des arrivées massives de clandestins en provenance des côtes africaines. En raison de leur proximité géographique avec les pays de l'Afrique du Nord: Malte, l'Italie et l'Espagne sont les pays les plus exposés à ces flux migratoires clandestins dont la majeure partie est d'origine subsaharienne. Tout récemment, dimanche dernier, les autorités maritimes italiennes ont annoncé l'interception de 67 immigrants clandestins au large de l'île de Lampedusa,au sud de l'Italie. Selon la même source, le nombre d'immigrants clandestins interceptés la semaine écoulée près de l'île de Lampedusa (entre Malte et la Tunisie) et de la Sicile a dépassé les 400 cas. Pour l'année 2005, les gardes-côtes italiens ont déclaré avoir intercepté 207 embarcations avec, à leur bord, un total de près de 22.000 clandestins. Les îles Canaries ont reçu, pour leur part, plus de 10.000 clandestins qui sont entrés par mer durant l'année 2005. La nouvelle stratégie européenne, consistant à renforcer la coopération en matière de contrôle des frontières maritimes, prend forme, enfin, en dépassant les sensibilités de certains membres, peu amènes à partager leur souveraineté sur le plan intérieur à l'exemple de l'Allemagne. La création de cette force est intervenue suite à l'échec cuisant de la conférence tenue les 11 et 12 du mois en cours à Rabat. Laquelle a drainé la participation d'une cinquantaine de pays africains et européens autour du thème de l'immigration. Des dissensions profondes ont, en effet,divisé les représentants des pays des deux continents. Les Européens qui appelaient les pays africains à plus de rigueur dans le contrôle de leurs frontières maritimes et terrestres, tout en exprimant leur disposition de les aider sur ce volet, se sont trouvés face à des revendications africaines d'ordre purement économique.L'Algérie, faut-il le rappeler, a annoncé depuis le mois d'avrilsa décision de boycotter cette manifestation diligentée par Paris et Rabat, en justifiant sa position par le fait que la question de l'immigration clandestine est un sujet qui devait être discuté dans le cadre de l'Union africaine (UA), du moment qu'il touche en premier lieu, des million d'Africains. Cela, sans exclure l'UE, en sa double qualité de partenaire et de destination de ce mouvement migratoire. Le refus d'Alger de prendre part à cette conférence avait suscité de vives réactions de la part des Européens, les Français notamment, qui comptaient beaucoup sur la contribution de notre pays dans la lutte contre ce phénomène. Le temps a fini par donner raison à la position algérienne, puisque la conférence s'est terminée, telle qu' elle a commencé, sinon avec des promesses européennes d'accorderau Maroc une enveloppe de 79 millions d'euros pour améliorer les performances de ses gardes-côtes. La Mauritanie, le Maroc, le Sahara occidental, la Tunisie, la Libye et à un degré moindre, l'Algérie, sont par excellence, les passerelles qui conduisent au pseudo eldorado européen. Selon le porte-parole de la Gendarmerie nationale, Abd Rahman Ayoub, la police a arrêté en 2005 environ 3234 émigrants clandestins tentant de s'introduire au Maroc à partir du désert algérien. Le transport des clandestins est devenu l'une des activités génératrices de richesse, comme c´est le cas en Mauritanie, au Maroc et au Sahara occidental où plus de 45 organisations de passeurs font tourner depuis 5 ans ce commerce illégal de personnes.