Lors d'une réunion mardi soir consacrée au dossier libyen, le Conseil de sécurité de l'ONU a souligné sa profonde préoccupation fasse à l'impasse politique actuelle tout en déplorant le blocage qui risque de constituer à terme une menace pour l'unité et la stabilité du pays. Dans la déclaration qui a sanctionné un débat peu optimiste, l'instance onusienne a de nouveau plaidé pour la conduite d'un processus national global à même d'assurer un dialogue inclusif et une réconciliation fondés sur les principes de justice transitionnelle. Le processus politique devrait, affirme le Conseil de sécurité, s'accompagner d'une dynamique consensuelle en matière de développement économique et de garantie sécuritaire, ainsi que d'un «meilleur respect « des droits de l'homme. Il s'est en outre félicité des larges consultations que l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, Abdullah Bathili, a eues avec différentes parties du dossier libyen et des pays impliqués dans la crise avant d'exhorter les acteurs locaux et leurs différents parrains étrangers à favoriser un véritable dialogue constructif et total, de façon à parvenir à une feuille de route consensuelle, transparente et inclusive. L'instance onusienne invite, surtout, l'ensemble des parties prenantes à adhérer à l'Accord de cessez-le-feu signé le 23 octobre 2020 à Genève, sous l'égide des Nations unies, ainsi qu'à appliquer réellement ses dispositions. En somme, il s'agit là du discours habituel, lisse dans le fond et dans la forme, et qui fait abstraction des réalités sur le terrain où des membres du Conseil de sécurité ainsi que des pays tiers jouent leur partition singulière et n'ont que faire de ces pieuses recommandations. Il n'empêche, l'envoyé personnel du SG de l'ONU, le Sénégalais Abdullah Bathili, croit dur comme fer dans sa mission et semble dans l'ignorance des difficultés insurmontables auxquelles se sont heurtés ses prédécesseurs. C'est ainsi qu'il «confirme», avec un optimisme remarquable, que les Libyens «sont déterminés» à faire de l'année 2023 le début d'une aube nouvelle pour eux-mêmes et pour le pays. Inchallah, doit-on dire, en espérant que son appel aux nombreux candidats à l'élection présidentielle avortée du 25 décembre 2021 soit entendu afin qu'ils s'asseyent à la même table, discutent des attentes communes et aplanissent les difficultés pour enfin sceller une proposition unifiée permettant de revenir au processus de sortie de crise et à des élections générales tant attendues par le peuple libyen. Lors d'une réunion, samedi dernier, avec des personnalités politiques de plusieurs régions du pays, il a été question des conditions nécessaires au plan juridique, constitutionnel et sécuritaire à même de permettre une compétition ouverte et des élections apaisées. Cependant, il y a l'espoir, souvent optimiste, et il y a la réalité et les derniers évènements qui ont vu, à nouveau, le Parlement dirigé par Aguila Saleh, depuis Benghazi où siège Khalifa Haftar, et le Haut Conseil d'Etat, depuis Tripoli, croiser le fer autour de la «règle constitutionnelle» n'incitent pas en ce sens, du moins pas encore.