L'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU et chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul), Abdullaye Bathily, a déclaré, samedi dernier, qu' «il est temps de mettre fin à la phase de transition en Libye et d'aller vers la tenue d'élections libres et équitables». Son propos figurait dans un communiqué sur le site de la Manul et relayé par les médias locaux ainsi que l'agence de presse officielle. Pour le représentant onusien, à peine revenu de son exposé devant le Conseil de sécurité de l'ONU, la semaine dernière, il semble bien que de nouvelles donnes sont apparues puisque, a-t-il assuré, «tous les dirigeants de l'Ouest et de l'Est du pays rencontrés lui ont exprimé leur désir de (voir organisées) des élections, conformément aux aspirations du peuple libyen qui veut des solutions pour ses besoins économiques, sociaux, sanitaires et éducatifs». Ce n'est pas encore la coupe pleine mais il y a quelque raison d'espérer, surtout que le Premier ministre du gouvernement d'union issu du Forum de dialogue politique interlibyen de 2021, Abdelhamid Dbeibah, a affirmé que «le gouvernement de l'unité nationale est prêt à sécuriser les élections générales». Laquelle déclaration n'a suscité aucune réaction du côté de Benghazi où se trouve le maréchal Khalifa Haftar, fer de lance des «autorités de l'Est» qu'incarnent le président du Parlement basé à Tobrouk, Aguila Saleh, et le Premier ministre du gouvernement, désigné en mars dernier par les députés, Fathi Bachagha, ancré avec son équipe à Syrte. Dans une allocution prononcée lors de la visite rendue le même jour à la Chambre principale de sécurisation et de protection des élections, affiliée à la Direction des opérations de sécurité au ministère de l'Intérieur, Dbeibah a saisi la balle au bond pour souligner que «le travail effectué par les équipes du ministère de l'Intérieur est en mesure de sécuriser la tenue des élections et de garantir leur bon déroulement». Partant de là, il en a profité pour exhorter l'ensemble des Libyens à «ne donner aucune chance à ceux qui tentent de perturber à nouveau la tenue des élections sous prétexte de l'impossibilité de leur sécurisation». Il a en outre indiqué que son gouvernement d'unité nationale avait «rempli ses obligations logistiques dans le processus électoral en décembre 2021 malgré des tentatives de perturbation», qu'il attribue pour l'essentiel à l'absence d'un cadre juridique consensuel. Il s'agit là d'un constat que la représentante spéciale d'Antonio Guterres, Stephanie Williams, avait à l'époque souligné tout en tirant les conclusions logiques à l'origine de son retrait volontaire de la scène libyenne. D'une manière générale, le discours est partout le même qui souligne, à l'Est comme à l'Ouest, et dans une parfaite unanimité de façade au sein même du Conseil de sécurité de l'ONU, que la tenue des élections générales est un passage obligé pour permettre l'aboutissement du processus politique mené par l'ONU en Libye et donc une réelle sortie de crise. Pourtant, il y a toujours du pain sur la planche pour l'envoyé spécial tant que toutes les parties prenantes n'ont pas validé le travail des instances chargées de concocter la «règle constitutionnelle», c'est- à -dire le document juridique fixant et la nature et les conditions pratiques du vote à la fois législatif et surtout présidentiel dont on sait qu'il reste tributaire des forces en présence, à l'Est comme à l'Ouest mais aussi au Sud de la Libye. Samedi dernier, le Haut Conseil d'Etat, à Tripoli, a progressé d'une petite marche en ce sens, votant l'avant-projet avant de le renvoyer aux «commissions compétentes» pour sa finalisation et son examen, ensuite, par le Parlement, à Tobrouk.