Profitant de sa présence à Alger où il a été reçu durant plusieurs heures par le président de la République ainsi que par deux ministres du gouvernement, Chems-Eddine Hafiz s'est confié à la presse sur les dessous de cette polémique stérile visant sa famille et sa personne. Mais d'abord, il explique comment et d'où était née cette polémique qui a réveillé les démons de Paris. Tout est parti d'une réunion annuelle du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) qui a convié Chems-Eddine Hafiz en sa qualité de recteur de la Grande mosquée de Paris. L'objet de cette réunion était de discuter des relations algéro- françaises et surtout de leur évolution à la lumière de la visite à Alger du président Emmanuel Macron en août dernier, puis celle de la Première ministre Elisabeth Borne accompagnée de 16 ministres. Il y avait autour de la table pour débattre, Benjamin Stora et un sénateur d'origine algérienne qui est, aujourd'hui, président d'une association d'amitié entre l'Algérie et la France. Il y avait également une dame. «Cette dame je ne la connaissais pas, elle n'était même pas inscrite dans le programme. Elle se présente à moi et me dit qu'elle est présidente d'une association qui ambitionne développer des relations avec l'Algérie dans le domaine caritatif», confie le recteur de la Grande Mosquée. Ils prennent place tous les quatre en compagnie du vice-président du Crif pour échanger. Rien d'anormal car des réunions de ce genre il y en a eu sans susciter de polémique. Mais cette fois-ci un élément est venu perturber cette rencontre. Mais le diable réside toujours dans les détails. La dame en question a été présentée par les détracteurs du recteur comme étant l'ambassadrice d'Israël en France. C'est le désastre, le péché suprême, la traîtrise...Comment le recteur de la Grande Mosquée de Paris ose-t-il s'asseoir à la même table que la représentante de l'entité sioniste! mais les détracteurs de Chems-Eddine Hafiz, pressés d'en découdre avec lui, ont dégainé trop vite. Faux! répond le recteur, cette dame n'est pas l'ambassadrice d'Israël et c'est simple à vérifier. « Ce que je conteste formellement c'est tout ce montage sciemment fait sur ma venue à cette rencontre», affirme-t-il. «J'ai un grand respect pour les journalistes et la liberté d'expression mais par un minimum de professionnalisme, il fallait d'abord vérifier l'identité des personnes sur une photo. La vérification des faits est la base du métier journalistique. Ce minimum n'a pas été fait hélas! », regrette le recteur de la Grande mosquée de Paris qui semblait profondément touché. «De nombreuses accusations et calomnies ont été menées contre moi. On m'a insulté, on a touché à ma famille. Et aujourd'hui, c'est même le président d'un parti politique algérien qui va jusqu'à m'accuser de trahison. Ce Monsieur me connaît-il? connaît-il le passé révolutionnaire de ma famille?». La mosquée de Paris a toujours été un pont entre l'Algérie et la France dont le domaine qui est le sien, c'est- à- dire l'aspect cultuel. À ce titre, le recteur de la Grande mosquée de Paris souligne un autre aspect en rappelant à ceux qui l'oublient qu'il n'est pas un officiel de l'Etat algérien. «Je ne suis ni un officiel ni une représentant de l'Etat. Je suis simplement le recteur de la Grande mosquée de Paris et président d'une association de droit français qui a des liens historiques avec l'Algérie. Je suis le représentant de personne». Dira-t-il, ajoutant que «s'il s'avérait que je serrais la main d'une personne, d'un homme politique ou d'un chef d'Etat avec lequel l'Algérie n'a pas de relations diplomatiques, quel serait le préjudice que je causerai à mon pays? Connaît-il ma famille et son passé révolutionnaire?». Répondant sur un ton de défi à ses détracteurs, Chems-Eddine Hafiz déconstruit leurs «affabulations» surtout quand ils soutiennent qu'il a été admonesté par le président de la République. «C'est quand même extraordinaire, ce président qui m'admonestait, hier, (lundi Ndlr) alors qu'avant- hier j' étais au ministère du Commerce et celui des Affaires religieuses, qui ont a été nommés par Abdelmadjid Tebboune.» Deux ministres du gouvernement algérien reçoivent donc ce «ce paria, ce traître et qui a été admonesté par le président de la République. Ils doivent quand même se réveiller pour retrouver un peu de cohérence», lance -t-il avant de clore sa plaidoirie en s'adressant «au petit souffleur qui soi- disant président d'une grande fondation française: «Cessez ce travail de sape, réveillez-vous! Quand je vois de pareils comportements je suis déçu et comme dit l'adage ''la bave du crapaud ne touchera jamais la blanche colombe''.»