L'année 2022 a été bénéfique pour l'Algérie. Ses recettes pétrolières doivent dépasser les 50 milliards de dollars. Son bas de laine sans être reconstitué s'est significativement amélioré. Le niveau du prix du baril qui a connu une hausse de 7,5% l'an dernier lui a permis d'élever celui de ses réserves de change à plus de 60 milliards de dollars et de confectionner sa loi de finances 2023 sur la base d'un baril à 60 dollars. Soit moins de plus de 20 dollars que le prix actuel du baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, avec à la clé un des plus gros budgets de son histoire. Ce qui lui laisse une marge de manoeuvre appréciable. Il faut souligner que le secteur pétro-gazier algérien constitue le «bras économique» sur lequel s'appuie le pays pour diversifier son économie et réussir sa transition énergétique qui demeure son objectif prioritaire vital. Si les pays producteurs de pétrole, ceux de l'Opep+ notamment, dont fait partie l'Algérie, ont pu réaliser des recettes significatives grâce à leurs ventes pétrolières Il faut savoir par contre que les cours de l'or noir ont évolué en dents de scie en 2022 avec comme particularité d'avoir affiché des reculs notoires. C'est le cas du baril de Brent qui, après avoir frôlé les 140 dollars le 7 mars 2022, non loin de son record absolu de juillet 2008 où il avait dépassé les 147 dollars, tourne aujourd'hui autour des 84 dollars. Alors que la référence américaine, le West Texas Intermediate (WTI) qui affiche un peu plus de 78 dollars a connu une progression de 4,2%. Les sanctions visant la Russie, un des plus grands producteurs d'hydrocarbures dans le monde, ont dans un premier temps fait s'envoler les prix, mais les craintes sur l'approvisionnement ont laissé la place à des inquiétudes sur la demande, rappelle Han Tan, analyste chez Exinity. Le baril fera-t-il mieux en 2023? «L'année qui vient devrait être favorable pour le Brent, à condition que la reprise chinoise se matérialise», souligne-t-il. Qu'en pensent ses confrères? Le marché pétrolier devrait rester globalement équilibré à court terme, mais la hausse de la demande dans le sillage de la réouverture complète de la Chine, combinée à une faible élasticité de l'offre, pourrait faire grimper les prix au second semestre 2023. Nous prévoyons que le pétrole brut atteindra 115 dollars le baril à la fin de 2023, écrit Jean-Pierre Durante, économiste chez Pictet & Cie sur le site d'Allnews, première plateforme financière digitale suisse en langue française. Autre décision qui n'a pas encore fait réagir le marché: L'arrêt des exportations de pétrole russe le 1er février 2023 vers tous les pays qui appliqueront le plafonnement du prix de son pétrole, fixé début décembre à 60 dollars le baril par l'Union européenne, le G7 et l'Australie. Il faut rappeler que le marché reste aussi sous la menace d'une réduction de la production de pétrole de la Russie en guise de riposte au plafonnement des prix de ses exportations de brut. Le vice-Premier ministre russe, Alexandre Novak avait prévenu que la Russie pourrait réduire sa production de 500.000 à 700.000 barils par jour début 2023. Même si la réduction de l'offre russe n'est pas encore entrée en vigueur, il n'empêche que cela augure d'un sérieux impact lorsqu' elle le sera. Les prix risquent de s'envoler. La hausse des prix des deux références mondiales du brut «reflète l'inquiétude croissante des opérateurs quant à la réaction de Moscou aux nouvelles sanctions», avait averti Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades. Il va falloir compter aussi sur les réserves stratégiques américaines qui ont fondu comme neige au soleil. Les Etats-Unis qui ont extrait, depuis septembre 2021 plus de 212 millions de barils de leurs réserves stratégiques, qui sont au plus bas depuis juin 1984, pour faire face à la flambée des prix qui a accompagné le début du conflit armé russo-ukrainien et les faire baisser, ont décidé à nouveau de réalimenter leur «banque d'or noir» qu'ils ont siphonnée sans compter. Autant de «carburant» pour les cours de l'or noir...en 2023.