Le réveil? Il faut sans aucun doute attendre que le baril confirme ce redressement pour l'affirmer. Pour le moment c'est plutôt l'euphorie. Les cours de l'or noir s'affichaient en forte hause, hier en cours d'échanges, portés par la fin de la quarantaine pour les voyageurs étrangers en Chine et l'ouverture des frontières avec Hong Kong. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, pour livraison en mars affichait à 14h00, heure algérienne 81,14 dollars. Soit 2,57 de plus que la séance précédente. Son équivalant américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en février progressait pour sa part de 2,61 dollars à 76,38 dollars. Le marché pétrolier ouvre la semaine avec un bond des prix «en raison des nouvelles concernant la Chine qui a rouvert ses frontières pour la première fois depuis l'apparition initiale du virus de Covid-19», soulignaient les analystes d'Energi Danmark.?À titre d'exemple, il faut rappeler, en effet, qu'un confinement strict a été imposé à la capitale économique chinoise, Shanghai. Cette mégapole, de 25 millions d'habitants, qui avait affronté sa pire flambée de Covid-19 depuis plus de 2 ans. Un blocage qui ralentit la demande de pétrole dans l'Empire du Milieu, premier importateur mondial de brut. Un million de barils de brut par jour, environ, manquaient à l'appel de la demande mondiale. Confrontée à une hausse des cas de Covid-19, la ville côtière de Sanya, en Chine, avait décrété, de son côté le 6 août 2022, un confinement en pleine saison touristique et a drastiquement réduit les transports publics. Alors que l'économie chinoise se remettait lentement du confinement de Shanghai, 1,7 million d'habitants avaient été placés en confinement dans la province de l'Anhui (Est).... Des confinements qui ont porté un coup dur à la demande mondiale. Ces mesures draconiennes ont fini par exaspérer des populations lasses d'être mises sous cloche. Face aux restrictions très importantes qui sont mises en place dans le pays, des centaines de personnes ont manifesté dans plusieurs villes chinoises pour faire part de leur mécontentement et réclamer davantage de libertés politiques. Pékin a fini par changer son fusil d'épaule et mettre au placard sa stratégie zéro Covid pour endiguer la flambée des contaminations. Une décision que le marché a accueilli avec enthousiasme. Ce qui devrait doper, en principe, la mobilité dans le pays et donc la consommation de pétrole du premier pays importateur de brut au monde. Les prix devraient, incontestablement, rebondir. Les experts confirment. «La levée des restrictions locales, des restrictions frontalières entre la Chine, Hong Kong et Macao et la reprise des voyages internationaux sont de puissants vecteurs pour les marchés pétroliers», assure Stephen Innes, analyste chez SPI. «Au fur et à mesure du retour à la normale de la mobilité, les prix du pétrole pourraient progressivement augmenter en profitant de cette dynamique», a-t-il ajouté. Pour l'Algérie c'est tout bénéfice. C'est en effet de bon augure pour ses recettes qui ont dépassé les 50 milliards de dollars en 2022, ses réserves de change qui ont franchi la barre des 60 milliards de dollars et de confectionner sa loi de finances 2023 sur la base d'un baril à 60 dollars. Soit moins de plus de 20 dollars que le prix actuel du baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien. Avec à la clé un des plus gros budgets de son histoire. Autre décision qui n'a pas encore fait réagir le marché: L'arrêt des exportations de pétrole russe le 1er février 2023 vers tous les pays qui appliqueront le plafonnement du prix de son pétrole, fixé début décembre à 60 dollars le baril par l'Union européenne, le G7 et l'Australie. Il faut rappeler que le marché reste aussi sous la menace d'une réduction de la production de pétrole de la Russie (entre 500.000 à 700.000 barils par jour début 2023, selon son vice -Premier ministre, Alexandre Novak) en guise de riposte au plafonnement des prix de ses exportations de brut. De la «dynamite» pour le baril.