Le baril était en plein boom hier. Après avoir demandé à souffler à la séance précédente le Brent de la mer du Nord pour livraison en mars, référence du pétrole algérien s'échangeait, vers 14h 50 à 89, 57 dollars soit 1,40 dollars de plus que la veille. À New York, le baril de West Texas Intermediate pour livraison le même mois était en hausse de 0,40% à 86,96 dollars vers 11h 50. Une hausse qui trouve son origine dans un contexte géopolitique explosif, l'escalade des tensions en Ukraine et en Russie laissant toujours planer un risque sur un rétrécissement de l'offre mondiale. Le Brent comme le WTI avaient rapidement récupéré leurs pertes, «qui étaient de toute façon mineures», notait Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank. Il faut rappeler que le président de la Réserve fédérale (Fed) Jérome Powell, a relancé le dollar, en évoquant, jeudi dernier, une hausse des taux dès mars et en refusant d'écarter la possibilité de montées successives ensuite, affectant ainsi momentanément les prix du brut. Les bruits de bottes annonciateurs d'une probable confrontation armée entre l'Ukraine et la Russie ont relancé la tendance haussière des cours de l'or noir. «Il n'y a pas de nouvelles raisons pour expliquer la nouvelle flambée du prix du brut: ce sont toujours les inquiétudes sur les ruptures d'approvisionnement en cas d'escalade de la crise ukrainienne», poursuit l'expert du second groupe bancaire allemand. «L'invasion de l'Ukraine par la Russie est un facteur de risque important même si la plupart des observateurs estiment que la probabilité d'une invasion totale est faible», constate également Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb. La «nette possibilité que les Russes puissent envahir l'Ukraine en février», une date déjà évoquée par les renseignements américains, a été rappelée par le président Joe Biden. La prochaine réunion de l'Opep+ (Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires), prévue le 2 février prochain, «ne devrait pas ébranler les marchés, avec une nouvelle augmentation de 400000 barils par jour pour mars, déjà bien signalée», indiquait par ailleurs. Han Tan, analyste chez Exinity. Les 400000 barils par jour qui sont mis sur le marché mensuellement par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires, depuis juillet 2021, ne suffisent apparemment pas à répondre à une demande mondiale de plus en plus croissante. Outre de fortes perturbations au Kazakhstan et en Libye, en raison de crises géopolitiques, d'autres producteurs comme la Russie, l'Angola, le Nigeria et l'Equateur ont du mal à atteindre leurs quotas. La route est déblayée pour une flambée des cours de l'or noir. Les prix du pétrole brut pourraient s'envoler à 125 dollars le baril en 2022 et à 150 dollars en 2023 a écrit la banque d'investissement, JP Morgan dans son rapport des perspectives 2022, intitulé «Preparing for a vibrant cycle». Le baril est pour le moment en route vers les 100 dollars.