Quatre partis ont rassemblé hier les foules à la salle Harcha pour dénoncer l'agression israélienne contre le Liban. Les trois partis de l'Alliance (FLN, RND et MSP) et le PT ont organisé hier, à la salle Harcha, un grand meeting, pour dire haut et fort leur condamnation de l'agression israélienne, du soutien inconditionnel de l'administration américaine ainsi que de l'hypocrisie nuancée de la communauté internationale. Avec El Islah et le FNA, ces partis sont représentatifs de la société algérienne au sein des institutions élues, rappelle-t-on. L'utilisation d'armes non conventionnelles dans le massacre de civils a fait vibrer la fibre sensible de certaines ONG. Mais les condamnations restent en deçà de ce qui est attendu en pareille circonstance. Si le conflit avait lieu ailleurs, les positions des uns et des autres auraient été différentes. Les organisateurs ont pris conscience des enjeux, depuis que Condoleezza Rice est venue leur dire que le moment de réaliser le projet du «Grand Moyen-Orient» est arrivé. Elle le dit avec délectation au moment où les bombes tombent sur le Liban. Ebahis par tant de cynisme, les Arabes ne savent plus à quel saint se vouer. Ils espéraient une trêve, un cessez-le-feu, enfin un geste de réconfort pour tous ceux qui ont cru utile de condamner le Hezbollah. Mais Rice leur apporte la réponse qu'ils attendaient le moins. Depuis l'avènement de Bush et, principalement, depuis les opérations kamikaze du 11 septembre 2001, la diplomatie américaine affiche ouvertement son hostilité au monde arabo-musulman. L'establishment bushien a décidé d'envahir l'Afghanistan puis l'Irak et émis le voeu de poursuivre sa mission «divine» en Syrie et en Iran, et pourquoi pas en Corée du Nord. Mais l'exaspération iranienne, doublée d'une démonstration de «désobéissance», a contraint Bush à ronger son frein. Il actionne la machine de guerre israélienne dans la région en attendant de voir comment vont évoluer les choses avant de s'impliquer. Mais tout indique que les intérêts américains et israéliens ne sont pas identiques. Car au cas où l'Iran disposait de la bombe atomique, les Américains aimeraient voir son expérimentation sur Israël d'abord ou à défaut, une attaque israélienne contre le site nucléaire iranien. Dans les deux cas de figure, l'administration américaine sera épargnée des conséquences qui ne peuvent être que néfastes pour le devenir de sa suprématie sur le monde. Les partis politiques algériens semblent comprendre au mieux la logique américano-israélienne. Ils ont décidé de manifester leur refus à la politique du fait accompli, en organisant un meeting monstre pour avertir l'opinion publique sur les tenants et aboutissants de cette stratégie américaine qui consiste à armer la main israélienne, tout en gardant l'oeil sur ses intérêts. L'option de la guerre leur est imposée. Les régimes arabes veulent la paix, rien d'autre que la paix. La guerre? Ils n'y pensent même pas. L'attitude frise la lâcheté. Ils craignent en même temps le projet imposé par les Américains et la désobéissance de leurs populations. Les «3+1» veulent montrer à leurs électeurs qu'ils ne se résignent pas, que quelle que soit la volonté américaine, ils seront toujours du bon côté, celui des foules et que la détermination arabe a des prolongements dans leur histoire, chose que les Américains n'ont pas.