Les «3+1» s'opposent à la stratégie annoncée par Condoleezza Rice en visite au Moyen-Orient. «Rien ne se fera sans nous ni contre nous». Telle semble être la réponse concise, nette et sans appel des partis de l'Alliance présidentielle, de l'UGTA et du PT, rassemblés mercredi à la salle Harcha, en signe de solidarité avec les peuples palestinien et libanais et en guise de réponse à l'administration américaine. Condoleezza Rice, secrétaire d'Etat, est venue au Moyen-Orient annoncer à la face du monde arabe que ceux qui doutent encore doivent savoir que le moment est venu de lancer le grand Moyen-Orient (GMO). Debout, aux côtés d'un Ihoud Olmert aux anges, elle lance le projet qui tient à coeur à Bush junior. Ainsi, selon le credo américain, le bombardement des civils présente à ses yeux l'opportunité idéale pour annoncer la réalisation du GMO. Rappelons qu'en janvier 1991, lorsque les forces alliées ont entamé le bombardement de Baghdad, George Bush père avait annoncé le Nouvel ordre mondial (NOM) comme un avertissement à tous ceux qui se mettraient en travers de sa route. Depuis, on sait de quoi est fait l'éden américain. Ahmed Ouyaha, ancien chef de gouvernement et secrétaire général du RND, s'interroge sur la nature du GMO. «Si vous voulez le faire conformément à la version irakienne, on sait de quoi il s'agit», dit-il. Il relève qu'à Rome, les chefs d'Etat et de gouvernement ont observé une minute de silence à la mémoire des quatre soldats de la Finul, tués par les Israéliens, mais ne l'ont pas fait pour les Libanais qui meurent par centaines. Louisa Hanoune, porte-parole du PT, estime que «le sionisme fait désormais partie du projet américain ; projet qui n'épargne aucun pays, y compris l'Algérie», annonce-t-elle. Le GMO sera bâti sur des bases ethniques et religieuses, poursuit-elle. «Condoleezza Rice n'est donc pas venue pour le cessez-le-feu mais pour le GMO (...), l'objectif principal est la Syrie et l'Iran. Nous allons droit vers une guerre mondiale». Elle condamne en outre les pays arabes qui ont ouvert leurs frontières aux troupes américaines, tout en saluant le courage des journalistes algériens qui ont pris l'initiative de boycotter l'amiral américain qui devait tenir une conférence de presse à Alger. Hanoune annonce également une conférence en hommage aux femmes palestiniennes à l'APN. Elle termine son discours par un «à bas le GMO». Boudjerra Soltani, président du MSP, dit clairement: «Nous rejetons le GMO comme nous rejetons l'entité sioniste qui n'est qu'un corps étranger dans le corps de la Umma musulmane. Quelle est cette loi qui autorise Israël à se défendre et l'interdit à la résistance palestinienne ou libanaise?», s'interroge-t-il. Il propose le retrait des représentations diplomatiques occidentales hostiles de tous les pays arabes et musulmans, comme il dénonce la normalisation des relations avec Israël, condamne le veto américain et le GMO. Belkhadem n'a pas pu venir au meeting de Harcha parce qu'il recevait au même moment le président de l'autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Il a délégué Goudjil, membre du secrétariat de l'instance exécutive du FLN, pour le représenter. Ce dernier salue la résistance pendant que Djenouhat de l'Ugta annonce que Sidi Said se trouvait en Syrie pour exprimer un signe fort de solidarité avec les peuples palestinien et libanais. La classe politique la plus représentative rejette donc le GMO que veut imposer l'administration américaine au monde arabe. Il s'agit d'un nouveau défi. Les américains ne montrent aucune gêne à afficher leur suffisance à la face d'un monde arabe divisé. La manière même d'annoncer le GMO est un geste de mépris envers les peuples de la région. Cela nous rappelle le colonialisme hideux qui pondait les lois de l'indigénat pour mieux nous humilier et qui ont conduit à son déracinement de la région. L'Amérique de papa ne reconnaît aucune loi. Elle traite l'ONU comme sa dernière chaussure. Mieux, elle lui refuse le droit même de condamner Israël qui a bombardé la base de la Finul et fait 4 morts. Désormais, personne n'a le droit de s'opposer aux desiderata israéliens. La communauté internationale est sommée de ménager l'entité sioniste qui se situe, vraisemblablement, dans le prolongement des «nouveaux évangélistes» qui ont pris possession de la Maison-Blanche.