Inévitablement, ces régimes subiront des coups d'Etat qui viendront de la radicalisation de la rue. Alors que la planète entière bouillonne et tente de se mobiliser, des initiatives diplomatiques sont menées, des réprobations, des condamnations et des manifestations se déroulent dans la rue pour exprimer le courroux de la communauté internationale sur les horribles massacres commis par l'aviation israélienne au Liban, les dignitaires des régimes arabes se prélassent dans leur ronronnement. Aucun d'entre eux n'a daigné appeler à une réunion extraordinaire de la Ligue arabe pour dégager une action commune. Ne serait-ce que pour rédiger un communiqué pour sauver ce qui reste de cette dignité arabe. C'est à peine s´ils ont condamné hier, le carnage commis par Israël contre le village libanais de Cana. Dix-neuf jours de guerre sans relâche sur le Liban, les chefs arabes en sont arrivés à des condamnations. Les Emirats arabes unis ont «violemment» réagi. «Ce crime (...) fournit une nouvelle preuve de la politique systématique d'Israël qui utilise ses armes de destruction pour tuer sans discrimination et sans tenir compte des conventions internationales qui protègent les civils», a déclaré le ministre émirati des Affaires étrangères Abdallah ben Zayed al-Nahayan. Courroucé, le président égyptien Hosni Moubarak a mis toute «son énergie» dans un communiqué. Avec un ton à réveiller Sharon dans son profond sommeil, il a affirmé que «l'Egypte est profondément troublée et condamne l'attaque irresponsable israélienne». Avec la même sévérité à faire trembler tout l'Etat hébreu, le souverain jordanien, le roi Abdallah, a condamné le crime et a affirmé que «l'agression criminelle constitue une violation flagrante du droit international, réitérant son appel à un cessez-le feu immédiat». Courroucé, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a demandé «l'ouverture d'une enquête internationale sur cette tuerie et sur les autres crimes de guerre commis par Israël au Liban». Le président syrien, Bachar al-Assad, a frappé fort. Pour la première réaction de la Syrie depuis le début de la guerre contre le Liban le 12 juillet, il a directement accusé Israël de pratiquer un «terrorisme d'Etat». Il ajoute cependant: «Le peuple syrien est prêt à offrir tout ce qui est susceptible de soutenir, d'aider et d'appuyer le Liban » Il faut dire que c'est toute la communauté musulmane qui se mobilise face à ce massacre qui se déroule en direct. Preuve en est, l'Organisation de la conférence islamique (OCI) qui compte 57 pays membres, a réagi, elle aussi, mieux vaut tard que jamais. Israël a été fustigé dans le communiqué offensif de l'OCI. «Le dernier massacre israélien est un crime de guerre. Il montre qu'Israël fait fi du droit international et de la 4e convention de Genève sur la protection des civils en temps de guerre» a chargé l'OCI dans son communiqué. S'exprimant sur cette position des régimes arabes, un haut responsable du FLN et ex-ministre, a affirmé que la radicalisation sur le plan des idées, des discours et des organisations est inévitable dans les pays arabes. «Tôt ou tard nous assisterons à des coups d'Etat dans tous les pays arabes». a déclaré ce responsable qui s'est dit étonné par l'inertie des dignitaires arabes. «Imaginez un instant l'impact d'une simple menace -juste une menace- de l'Arabie Saoudite qu'elle fermerait en signe de deuil ses vannes pour 24 heures? Ils ne le font pas mais ils courent à leur perte», a regretté ce responsable qui est catégorique: les régimes arabes «seront enterrés dans le fossé qui les sépare de la rue». Il estime que ces dignitaires ne pourront pas tenir avec «de pareilles positions indignes». Ils ne pourront pas séduire ni convaincre avec des discours sur la bonne gouvernance, le développement durable, la démocratie, l'OMC, l'UE, les zones de libre-échange etc. Pour ce responsable politique, il y aura une radicalisation plus grave que le Hamas, que le Hezbollah, et d'une autre nature qu'Al Qaîda. L'organisation de Ben Laden, dit-il, a l'inconvénient de son avantage. «Elle développe des idées islamistes, elle rassemble sur le plan sentimental mais dans la société arabe il n' y a pas que les islamistes. Je parle des idées fédératrices sur le plan liberté et dignité humaine». a-t-il dit avant de conclure: «Qui aurait pensé un jour qu'une milice pourrait se doter d'un matériel militaire égal à celui d'un Etat?»