Aux appels à l'aide internationale lancés par les présidents turc et syrien et comme à son habitude, au contraire des pays atlantistes et de l'Union européenne qui développent des politiques sélectives et ne privilégient que leurs alliés de l'Otan, notre pays a été parmi les premiers à répondre présent par solidarité et par humanisme, et ce, malgré l'interdiction de l'espace aérien syrien, une attitude largement saluée à l'international. Rien d'étonnant à cela, me diriez-vous, lorsqu'on sait tout l'élan du coeur, de solidarité et de générosité qui caractérise le peuple algérien dans son ensemble. Ce peuple vaillant a fait de sa douleur cumulée et sédimentée à travers les siècles, un style de comportement pour apporter spontanément son aide à tous ceux qui l'expriment. Sans calculs bassement matériels (comme savent le faire ceux qui comptent leurs sous en donneurs de leçons humanistes) ni arrière- pensées, l'Algérie à travers ses institutions étatiques et son peuple, n'a jamais lésiné sur ses propres moyens pour porter secours à des populations sinistrées, plongées dans la détresse, la douleur et le dénuement total qui évoque pour nous, bien des souvenirs douloureux de moments où nous avions nous aussi, manqué de solidarité, d'aide et de chaleur humaine alors que livrés à nous-mêmes. Mais au-delà de la compassion et de la tristesse traduite à travers ce bilan des plus lourds faut-il le souligner, cet article à connotation citoyenne, et dont la rédaction s'est imposée à moi, a, en filigrane, pour trame de fond, les questions majeures de la reconnaissance et du mérite qui prend forcément dans le cas de cet évènement majeur d'une extrême tristesse, la forme d'un hommage appuyé à notre corps de la Protection civile en sa qualité «d'entreprise citoyenne d'exception» dont nous pouvons toutes et tous en être si fiers pour avoir contribué à sauver des vies humaines sorties des décombres, sous un froid glacial. Et dire que ce corps si utile et disponible à souhait, a toujours évolué en marge des flashs et des caméras jusque-là occupés à mettre plutôt en vedettes, celles et ceux qui regardent leurs «nombrils», sans se soucier de la détresse humaine qui les entoure, alors qu'ils ne sont intéressés que par la pub sur leur petite personne et le partage le plus large possible de leurs insanités de leurs bêtises et de leurs inepties dont-ils sont malheureusement si fiers. Toujours lucide face aux risques De par l'intérêt que leur accordent les réseaux sociaux de l'intox et de la fake news à tout - va, de la propagande nocive et contagieuse pour les esprits fragiles de notre jeunesse pas toujours lucide face aux risques qu'elle encourt de par leurs fautes, ces gens nuisibles et dangereux pour notre société en piètres représentants de nos valeurs ancestrales, éclipsent injustement, toutes celles et tous ceux qui travaillent et oeuvrent en silence dans l'intérêt général en donnant la meilleure image d'eux-mêmes et de leur pays, l'Algérie, eux les adeptes du fameux cri guerrier «one, two, three viva l'Algérie» du rassemblement spontané jamais dicté en mot d'ordre par qui que ce soi et encore moins égalé sous d'autres cieux. C'est dans cette catégorie de gens humbles, modestes et surtout utiles à leur société qu'évolue tout naturellement, le corps honorable de nos sapeurs-pompiers qui s'est à chaque occasion distingué, tant chez-nous qu'à l'international. Ses hauts faits d'armes lui confèrent un palmarès des plus élogieux, forgé au rythme des interventions des plus périlleuses, lors des principaux séismes de Chlef (1980), d'Aïn-Témouchent (1999), de Boumerdès (2003), des inondations de Bab-El-Oued (2001) et des feux de forêts et bien d'autres risques majeurs. Encore que cette liste est très loin d'être exhaustive! Fort de l'expérience qu'il a acquise et qui lui a valu la première place en Afrique et des pays arabes et la 53ème à l'échelle mondiale, le corps des sapeurs-pompiers a eu aussi à intervenir à l'étranger à l'occasion des séismes: Mexique (1985), Salvador (1986), Arménie (1988), Egypte (1992), Turquie (1999), Inde (2001), Iran (2003 et 2005), Maroc (2004), Népal (2020) et à Médine (2021) en Arabie saoudite. Il a également apporté son concours à ses homologues français et tunisiens pour la maîtrise des feux de forêts de 2003 en France et de 2021 en Tunisie. Comme il a eu à intervenir au Soudan (1985) et au Yémen (2008) pour ce qui concerne les inondations et l'incendie qui s'est déclaré au Nigeria (2002). Cette fois-ci aussi, en ce lundi brumeux du 6 février 2023, d'un geste bien rodé, paquetage au dos et chiens dressés en laisse, ils ont rejoint les avions militaires qui les conduiront en Turquie et en Syrie, laissant derrière eux leurs familles pour aller accomplir avec engagement et professionnalisme, du mieux qu'ils peuvent, cette noble mission qui consiste à secourir indistinctement des vies humaines sans compter leurs efforts dans des situations des plus difficiles et sans jamais savoir ce qui les attend. Ils savent que les fouilles leurs réserveront, souvent hélas, bien des surprises parfois insoutenables et éprouvantes au plan psychologie quel que puisse être leur degré de bravoure et l'amour qu'ils portent à leur métier, comme celle qui a fait le tour du monde, de ce bébé en vie et relié par le cordon ombilical au corps de sa mère morte sous les décombres en Syrie. Quelle image émouvante que celle de ce petit ange en vie, mais orphelin de sa mère dès la naissance! Quel malheur que cette destinée! Mustapha El Hebiri: le sens du devoir accompli Si nous sommes-là à vanter fièrement le palmarès de nos vaillants sapeurs-pompiers, c'est en partie grâce à la fougue que leur a transmise tout au long de 18 années d'efforts soutenus en Homme d'honneur et du devoir bien accompli, leur chef, le colonel Mustapha El Hebiri non moins Moudjahed, lui, le militaire formé à l'Académie de Frounze (Moscou) et l'ancien Directeur central des services de la Santé militaire. Cet Homme de mérite, en bon père protecteur de ses troupes, après les avoir formées et équipées comme des soldats de la République au service de leur pays, a fait de ce corps jadis quelque peu négligé jusqu'à son arrivée en 20o1, cette hirondelle qui a su faire le printemps partout où elle a eu à intervenir chez-nous et à travers le monde, comme en témoigne la reconnaissance internationale chaque fois exprimée par ses pairs et celle du Washington Post qui traite les secouristes algériens de «Héros!» Héros, dans son édition du 8 février 2013. Mais quels enseignements tirés du parcours élogieux de nos sapeurs-pompiers tous grades confondus?, me diriez-vous. Il faut tout d'abord considérer que l'hommage que je destine aux sapeurs-pompiers à travers la personne du colonel Mustapha El Hebiri et celle de son successeur le colonel Boughlef Boualem, en ma qualité de citoyen attentif aux «pulsations» de notre société, de surcroît soucieux de sa cohésion et préoccupé par rapport à son évolution comme le sont tous les patriotes, n'est pas fait que de reconnaissance à un corps des plus méritants comme attesté par tous. Il prend surtout valeur démonstrative, pour dire, que nous pouvons toujours faire les choses au plus près de la performance et des intérêts de nos concitoyens et de l'image de notre pays quand la gouvernance prend le dessus sur le discours mielleux et vacillant, pour s'inscrire dans l'action au quotidien en donnant la primauté: au professionnalisme, à l'engagement, à la cohésion, à la discipline et au respect de la chose publique. Alors, imaginons un instant que l'état d'esprit fougueux acquis par ce corps vaillant par héritage de ses chefs successifs et bien naturellement des valeurs partagées, et par cette disponibilité qui l'anime, puisse faire contagion auprès de tous ceux, en charge de la gestion des affaires publiques dans: nos mairies, nos écoles et universités, nos hôpitaux, nos bureaux de postes, nos banques, nos transports tous modes confondus et bien d'autres services aussi nécessaires dans la vie courante de nos concitoyennes et concitoyens! La bureaucratie terrifiante, desséchante et cauchemardesque qui perturbe la bonne marche de notre société ne serait sans aucun doute, une fois numérisée, qu'un mauvais souvenir et le projet du mégachantier «Algérie nouvelle» sur lequel les Algériens fondent tous leurs espoirs, une bien heureuse réalité à terme pour peu que nous nous mettons sérieusement au travail, le coeur vaillant et sans ménager nos efforts. Oui, bien sûr! Il y a là bien du chemin à parcourir car le changement des mentalités n'est pas une sinécure par les temps qui courent. Nous l'aurons compris, faut-il le déplorer, mais sans fléchir un instant, car cela doit être là, notre combat de tous les jours et sur tous les fronts de la vie publique! Les sapeurs-pompiers du labeur Et comme si tout cela n'était pas suffisant, en guise de cerise sur le gâteau, ce corps vaillant a aussi rendu par deux fois hommage à notre Grande écrivaine, Assia Djebar. Cette Grande Dame de Grande famille algérienne frappée du sceau d'El Assala, (de son vrai nom Fatima-Zohra Imalayène originaire de Cherchell) dont l'aïeul a suivi l'Emir Abdelkader dans son exil. Elle aurait été certainement fière de ce corps très discipliné et avenant qui est devenu au fil du temps, cette élite prompte à assumer les missions les plus périlleuses qui lui sont confiées que ce soit en Algérie ou partout ailleurs. C'est dire qu'il y a des moments où chacune et chacun de nous gagnerait à s'assimiler aux sapeurs-pompiers du labeur, ces gens totalement disponibles et au service des autres. Ils ont de la générosité à en revendre, alors que toujours dans l'astreinte pour prêter leur concours à ceux qui en ont le plus besoin. J'aurais aimé clore mon article sur cet hommage à nos sapeurs-pompiers et sur une note d'espoir en direction de notre société, s'il ne m'était pas insupportable de fermer les yeux et de taire ma colère, à l'instar de millions de gens à travers le monde, à propos des caricatures dénuées de toute empathie à l'égard de milliers de victimes en Turquie et en Syrie, publiées par l'ignoble provocateur Charlie Hebdo, ce magazine français à scandale alors que dorloté à l'instar des autres médias de l'Hexagone, dans le giron douillet de ses commanditaires sionistes, lui, la feuille de chou puante,à l'humour décalé et fort médisant. Il a suscité l'indignation des internautes pour cette caricature tournant en ridicule les tremblements de terre qui ont frappé sévèrement ces deux pays meurtris. Son dessin du jour, largement partagé sur son compte Twitter pour faire le buzz, est une caricature du dessinateur Juin montrant un bâtiment endommagé, une voiture renversée et un tas de gravats avec une légende «Même pas besoin d'envoyer de chars», allusion faite à la guerre en Ukraine, seul évènement supposé majeur, au point de faire réagir à l'overdose et l'hystérie, les médias et plateaux de télés occidentaux en «moutons de Panurge» dans leur trouille bien justifiée de «l'ours blanc», Poutine dans sa position «zen» de Maître du jeu. C'est dire que ce dernier, bien droit dans ses bottes en Homme d'honneur défenseur des valeurs de justice, perturbe leur sommeil et leur fait perdre le sens de la raison en installant chez-eux, le doute d'une communauté tirée par les «Yankee» de l'empire sioniste arrogant, pas très unie et ne sachant plus quelles décisions prendre sans trop s'attirer ses foudres. Tous les gens sensés à travers le monde et pas que dans les pays musulmans, s'accordent à dire que cette cruelle illustration insensible et de mauvais goût va au-delà du seuil acceptable de la plaisanterie et de l'humour noir. À croire que ce gribouillis irrespectueux de victimes innocentes est l'oeuvre d'un «rat d'égout» vraisemblablement soutenu par ses collègues qui émargent dans cette chapelle raciste et haineuse qui a pris pour habitude de s'en prendre à la communauté musulmane au nom de la «liberté» d'expression de tous les dépassements et en toute impunité. Je serais bien curieux de savoir à quoi ressemblerait cette caricature, si ce séisme avait frappé un pays européen? Même si nous sommes choqués au plus profond de notre âme de gens respectueux de la nature humaine, nous avons l'habitude de l'invective manifestée à notre égard et nos sapeurs-pompiers, ces «gros bras» du labeur plongés corps et âme dans leur besogne humanitaire, n'accorderont aucun intérêt à cette énième provocation, alors que très occupés à tirer des entrailles des fouilles des terres de Turquie et de Syrie (de surcroît plongée dans une guerre fratricide désastreuse qui n'a que trop duré de par la faute des médias mensonges et leurs commanditaires, ces vautours de malheur), des corps inertes, meurtris ou épuisés. Gloire à vous sapeurs-pompiers algériens! Vous-êtes notre fierté! Et pour terminer, écoutons maintenant ce que dit à ce propos, le général libanais Jamil Sayeed, qui a rendu un vibrant hommage à l'Algérie pour son aide humanitaire et fraternelle à la Syrie: «Lorsque la fraternité vous manque, vous la trouverez chez l'Algérie. Elle se précipite à la rescousse...La position algérienne n'a pas de prix, elle n'a pas peur des intimidations de l'Occident ni est attirée par les instincts de l'Orient... Le pays au million et un demi-million de martyrs ne s'aligne qu'avec la justice que ce soit pour la cause palestinienne ou pour aider la Syrie et son peuple... Avec l'Algérie, on se rend compte que l'arabisme n'est pas un slogan creux, mais plutôt une position d'honneur à une époque d'humiliation». À la suite de ce Tweet dicté certainement par l'élan du coeur et la raison d'un Homme d'honneur qui connaît parfaitement l'Algérie, des «Tahya El Djazaïr» ont fusé par milliers de partout sur ce réseau social, comme d'ailleurs, dans les rues syriennes en général et à Alep en particulier. Oui! Il y a de quoi être fier de notre Grand pays qui a choisi la position du non-alignement et celle du respect sans marchandage de sa souveraineté quoique çà lui en coûte! Alors, pourquoi ne pas dire encore une fois à l'unisson, «One, two, three viva l'Algérie!» Et que cela se sache, nous ne sommes et ne serons jamais Charlie!»Twitter. * Professeur d'Université à la retraite Abdelkader KHELIL