De l'avis de tous, les temps sont difficiles en France et ailleurs. Chaque année, ils sont des milliers à venir passer les vacances au pays. L'image de l'émigré parlant français et usant des «là-bas chez nous» a laissé place à des gens qui n'hésitent pas à dévoiler les difficiles conditions de vie outre-mer. De l'avis de tous, les temps sont difficiles en France et ailleurs. Les chamboulements géopolitiques, l'émergence de nouveaux courants, les attentats du 11 septembre, de Paris, Londres et Madrid...ont accentué le mépris à l'égard des gens de la Rive sud de la Méditerranée. Chaque été des milliers d'Algériens et Algériennes vivant à l'étranger rentrent l'espace d'un mois pour rendre visite à la famille. A Bouira, la majorité de nos concitoyens affluent de la région du nord de la France où la communauté bouirie est largement implantée. Le «59» code du département sur les plaques d'immatriculation le prouve. Quel apport et quelle influence ont ces immigrés sur les autochtones? Si pour les plus âgés, la venue d'un parent s'inscrit dans l'ordre logique des choses, pour la nouvelle génération ces «touristes» représentent un non-événement. Par le passé, l'arrivée d'un proche était célébrée par une fête, de nos jours l'occasion est une banalité. La majorité des arrivants n'apportent plus rien avec eux. Certes à leur arrivée, nos compatriotes expriment certains signes de richesse en comparaison avec les autochtones. La vie est de loin pour eux moins chère que là-bas. Ce constat est unanime et pour preuve, ils n'hésitent pas à faire les emplettes ici. Fini les temps où les jeunes Algériens raffolaient des jeans et autres effets vestimentaires ramenés des friperies. Tout est disponible sur place il suffit d'avoir les moyens. Les émigrés, les jeunes surtout, se bousculent chez les disquaires pour acquérir les tubes de «Bilal» qui, selon eux, sont trop chers en France. Les habits et les cadeaux coûtent moins chers en Algérie. Le marché libre permet d'avoir tout ce qu'on veut sur place. La présence en force d'Algériens résidant à l'étranger est une aubaine pour beaucoup de commerçants sans scrupules qui saisissent l'opportunité pour faire monter les prix. Les immigrés déboursent sans rechigner. Normal quand on sait qu'un euro, à cette période est échangé contre 100 à 120DA sur le marché clandestin. Les estivants, au regard de ce coût de change, profitent aussi pour faire les emplettes. De nombreux immigrés s'habillent en Algérie. Par le passé, nos exilés se rabattaient sur l'objet traditionnel, de nos jours, ils achètent tout. Qu'ils soient installés au sud ou au nord, ils sont unanimes à dire que l'Algérie, malgré son douloureux passé récent, reste un pays debout. Les lois concernant l'importation des véhicules ont sérieusement affecté ces gens qui, par la force des choses, sont devenus peu dépensiers. Beaucoup passent l'ensemble de leur congé chez eux, alors qu'avant, ils louaient des résidences au bord de la mer. Précisons que l'argument sécuritaire n'est plus de mise, mais c'est surtout la valeur monétaire de l'euro qui a décidé ce changement. Pour pallier aux dépenses, certains ramènent des VTT d'occasion et les liquident sur place. Les deux roues sont en plein essor chez nous. Un vélo coûte en moyenne 100 à 200 euros, il est cédé entre 10.000 et 20.000 DA selon son état et sa marque. Deux ou trois unités permettent de passer des vacances de rêve. Les immigrés ne sont plus ces clients qui déboursent sans souci mais des gens qui sillonnent les étalages, les magasins avant de se décider. Ils font de leur mieux pour se fondre dans la foule. La tenue des jeunes filles n'est plus osée mais la plus discrète possible. Les jeunes filles que l'on reconnaît qu'au parler passent inaperçues. La jeune fille vivant en Algérie sait être à la «mode». Les signes distinctifs d'appartenance à une culture occidentale ont disparu avec l'ouverture imposée par la télévision satellitaire. Nos jeunes filles s'habillent, se maquillent et se coiffent comme n'importe quelle fille sur la planète mode. Au risque de nous tromper nous dirons que l'«Algérienne locale» est de loin plus coquette que n'importe quelle immigrée. Le chevauchement sur deux cultures est un facteur qui a marqué nos concitoyens vivant en France particulièrement. N'étant pas totalement intégrés dans le pays d'accueil, ils n'ont pas de repère dans le pays d'origine. Le déplacement en groupe et les discussions à haute voix, dans un français qui laisse à désirer, ont laissé place à des comportements moins ostentatoires et moins provocants. Seules les immatriculations des véhicules les identifient parfois.