C'était un moment de convivialité, d'échange et surtout de retrouvailles entre un incontournable homme de culture spécialiste du patrimoine musical algérien en général et de la musique chaâbie en particulier, et son public béjaoui qui l'apprécie à juste titre. Il a présenté et signé son livre «Amar Ezzahi... où l'éclat juvénile de la chanson chaâbi» dans une qaâda conviviale, chic et sympathique. Une conférence-débat sur la vie et le parcours de feu cheikh Amar Ezzahi, «Soltan Lehwa», l'icône et maître incontestable du chaâbi, la musique populaire algérienne par excellence. D'emblée, l'hôte de Yemma Gouraya raconte comment l'idée d'écrire un livre sur cheikh Ezzahi lui a effleuré l'esprit:«L'idée de lui consacrer un ouvrage m'a traversé l'esprit le jour de son décès. La foule qui l'a accompagné à sa dernière demeure le 1er décembre 2016, m'a laissé perplexe» à déclaré d'emblée Bendaâmache avant d'ajouter «c'était propre à l'enterrement des grandes figures historiques et politiques, hormis celui de Boumediene et Boudiaf, je n'ai jamais vu autant de monde accompagner quelqu'un qui n'a jamais été sous les feus de la rampe. Au contraire il faisait tout pour éviter les flashs et les projecteurs. C'est un phénomène tout simplement. Son enterrement a été spectaculaire, et m'a donné à réfléchir» a-t-il avoué avant d'expliquer «Cet engouement qui a marqué son enterrement a d'ailleurs frappé tous les esprits. Comment se fait-il qu'un homme discrèt, modeste qui a refusé tous les hommages, qui fuit les projecteurs, les médias et les officiels, a pu drainer cette marée humaine? La réponse était toute simple c'est son humilité qui a fait de lui sa notoriété». «Il a mené une vie d'ascète». Modeste, réservé, il avait rarement quitté Alger, jamais traversé la Méditerranée en dépit de nombreuses sollicitations, Amar Ezzahi a marqué les esprits par ses principes d'homme humble, simple et modeste. Il a construit son mythe sans le vouloir. «C'est un cheikh hors pair, qui n'a jamais été fasciné par la matière, ni argent, ni château, ni gloire, pourtant tout était à sa portée s'il le voulait, il a préféré l'humilité à la matière» a asséné l'auteur. Sur invitation de cheikh Hsinou Fadeli et cheikh Yacine Zouaoui, cette rencontre-débat organisée sous l'égide de l'association Gehimab, dont le président Djamil Aïssani qui a, d'ailleurs, assuré la modération de la conférence,considère, au même titre que les présents,qu' il sagissait d'une bouffée d'oxygène dans une atmosphère culturelle morose. L'un des présents a même qualifié l'arrivée de Bendaâmèche comme une rose dans un grand désert. Allusion faite au désert culturel qui caractérise la capitale des Hammadites ces dernières années. La rencontre prit fin en apothéose,d'autant plus que les deux cheikhs, Hsinou et Yacine ont gratifié le public d'un récital chaâbi des grands jours, à la hauteur de l'événement. C'était comme une fête de retrouvailles.