Le président du club béjaoui fait état de la négligence totale des autorités locales. La JSM Béjaïa est dans le rouge. En règle générale, chez nous en Algérie, lorsqu'il est fait mention de crise dans un club c'est lorsque ce dernier est dans une situation sportive délicate avec une menace de relégation qui pèse sur sa tête. Dans le cas du club des Vert et Rouge nous sommes dans le cas tout à fait contraire puisqu'il s'apprête à prendre le départ du championnat de la division1 après avoir conquis de haute lutte une accession que nul ne saurait lui contester. En de telles circonstances, le club qui réussit à enregistrer des résultats sportifs positifs est toujours soutenu par les autorités locales, wilaya et APC, qui y voient une source de rétablissement de la sérénité au sein de la population, notamment les jeunes dont on sait l'attrait que peut avoir sur eux le sport en tant que facteur d'éducation. Apparemment, à Béjaïa, le sport est quelque chose de secondaire si l'on se fie aux déclarations des dirigeants du premier des clubs béjaouis, à leur tête le président de ce dernier, M.Boualem Tiab. Celui-ci, que nous avons contacté, nous a fait part d'un «véritable désarroi» dans lequel se trouverait le comité directeur de la JSMB. «J'ai comme l'impression qu'à Béjaïa on ne veut pas jouer dans la cour des grands, nous a-t-il dit. Les autorités locales font comme si la présence d'un club de la ville en division1 était trop lourde à supporter. Alors que dans d'autres wilayas on débloque des centaines de millions de centimes pour aider des clubs à accéder ou pour éviter la relégation, chez nous on se permet de fermer toutes les portes au porte-drapeau de la wilaya». Cette situation, pas drôle du tout, aurait pu se comprendre s'il s'était agi d'une wilaya démunie. Cela n'est pas le cas de Béjaïa qui doit bien être l'une des wilayas les plus riches du pays avec ses dizaines d'entreprises publiques et privées, son terminal de Sonatrach, son port, son aéroport et nous en passons. «Détrompez-vous, indiquera M.Tiab. Quand on leur parle d'argent, le wali et le président de l'APW répondent que Béjaïa est une wilaya pauvre qui arrive, à peine, à joindre les deux bouts. A ce rythme-là, il vaut mieux tout arrêter. Les membres du comité directeur m'ont fait part de leur souhait de quitter le club car ils ne peuvent l'aider indéfiniment sans que les pouvoirs publics n'y mettent du leur. Mon frère Zahir, qui est le président de section, lui, a carrément disparu. Il a fermé son portable et ne veut plus qu'on cherche après lui. Lui aussi en avait marre de donner sans qu'il y ait un geste de la part des autorités locales. Ce que je peux vous dire c'est que l'on va laisser passer le match contre l'OMR de jeudi prochain. Dans la semaine qui suit, il y aura une AG extraordinaire et si d'ici là le silence de la wilaya et de l'APC venait à persister, nous irons chez le wali et nous lui remettrons les clés du club. A charge pour lui, ensuite, de le gérer». Cette situation est d'autant moins compréhensible que les lois en vigueur, notamment la 90-31 sur les associations et la 04-10 sur le sport, imposent aux wilayas de venir en aide aux associations sportives de leur territoire par le vote d'une subvention annuelle. «A Béjaïa, on doit ignorer les lois, puisque l'argent du fonds de wilaya, il y a longtemps qu'on ne l'a pas vu à la JSMB, ajoute M.Tiab. Sachez qu'à ce jour, le club n'a pas encore reçu sa subvention au titre de la saison 2005-2006. Je peux encore dire que nous attendons toujours que M.le président de l'APC honore son engagement de donner une enveloppe de 10 millions de dinars au club comme prime d'accession. C'est bien de promettre, le plus important c'est de respecter le mot dit». Un autre point semble irriter le président de la JSMB. Il s'agit de l'argent au titre de sponsoring que devait donner la firme Sonatrach. «C'est le ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, en personne, qui était intervenu pour qu'on nous aide et je tiens à le remercier. Le club a tenu ses engagements. Le logo de la firme a été porté durant toute la saison mais on n'a pas vu le moindre centime. Je crois que M.le ministre n'est pas tellement au courant de ce qui se passe. A la commission qui est chargée de cette mission à Sonatrach, on fait traîner les choses. A chaque fois on nous demande de fournir des documents pour, soi-disant, compléter un dossier. A mon avis, il doit y avoir quelqu'un à ce niveau qui n'apprécie pas tellement la JSMB et qui fait tout pour que son argent ne soit pas débloqué. En tout cas, j'appelle M.le ministre à intervenir car la JSMB avait tout lieu de se montrer satisfaite du partenariat qui allait s'établir entre Sonatrach et elle». Toujours est-il que la JSMB prépare son retour en division1 qui s'effectuera, jeudi prochain, à Béjaïa face à l'OMR. «On ne pourra pas dire que nous avons négligé le club, soulignera en ce sens M.Tiab. Je pense que la JSMB possède un effectif à même de lui permettre de réaliser une saison honorable sachant que le maintien sera son objectif. Nous avons, en outre, réussi à recruter Gomez, un entraîneur portugais, lequel, j'en suis sûr, fera du bon travail. Les autorités locales ont, donc, de quoi faire confiance à ce club qui joue dans la plus élevée des divisions du football algérien. Elles ne semblent pas en mesurer l'importance au moment où le chef de l'Etat, lui même, demande, à tout ce qui se fait en faveur des jeunes soit encouragé. C'est dommage».