«Donnez-moi un théâtre et je vous donnerai un peuple». Cette petite phrase résume à elle seule toute la force et l'étendue de l'influence du 4ème art sur la société. Consciente que le théâtre permet de moduler la société, à travers le développement de l'individu et de transmettre les valeurs citoyennes, Soraya Mouloudji estime que le but du théâtre est de véhiculer une forme d'éducation pour l'épanouissement de l'individu qui, par ricochet, influe positivement sur la société. C'est pourquoi elle a souligné, à cette occasion, la nécessité d'accorder «un intérêt particulier à la création et à l'activation des mécanismes de marketing pour établir des partenariats avec d'autres établissements, ce qui permettra de trouver de nouvelles sources de financement et de promouvoir le produit théâtral», étant donné qu'un Etablissement public à caractère industriel et commercial (Epic) dépend avant tout, de la production artistique et créative (achat et vente) et son capital est le public. En outre, lors de ce colloque, animé par le ministère de la Culture et des Arts, les directeurs des théâtres régionaux et le directeur du TNA, ont présenté le bilan des activités théâtrales de 2022 concernant la production, la formation, la numérisation et autres, lesquelles présentations ont provoqué la colère de la première responsable de la culture, en découvrant le vide qui caractérise les établissements du 4ème art. ce qui l'a amenée à orienter les débats vers la nécessité de tourner ses activités vers l'économie culturelle. Différentes communications ont été présentées par des intervenants, experts en la matière, sur les thèmes: «Les compagnies théâtrales et l'économie culturelle», «La production artistique: options artistiques et approche économique». «Les archives théâtrales», «La coopération et l'échange culturel», «La formation théâtrale en Algérie» et «Les festivals et les participations à l'étranger». La deuxième journée était réservée à la tenue des ateliers relatifs aux communications faites. Les débats ont été riches et fructueux, surtout en matière de financement des activités culturelles dans leur volet production et distribution, puisque le nerf de la guerre est toujours revenu dans les échanges de vues. Est-il concevable de compter uniquement sur les subventions du ministère et le financement des pouvoirs publics? Est-ce convenable de rester figé dans ses réflexions? Comment sortir de ce cercle dépendant et aller vers le partenariat? Comment envisager la politique d'entrepreneuriat? En somme, un tas de questionnements auxquels les ateliers ouverts ont essayé d'apporter des réponses et des solutions. Sur le volet relatif à l'économie culturelle, le point de vue développé par l'écrivain-dramaturge Slimane Benaïssa, répond à la perspective espérée par la ministre de la Culture. «La base du financement d'un festival en Algérie est la dotation du ministère, mais plus le festival a d'impact sur la ville, par l'arrivée des artistes, la stimulation d'un public, la formation, autant dans les universités que dans le cadre artistique, cette ambiance va créer dans la ville une activité économique importante», avait-il déclaré avant d'expliquer que «cette activité va stimuler les donateurs. Les sponsors ne mesurent l'impact de leur financement que par ce qui pourrait rapporter à leur entreprise. Ils ne sont pas des mécènes, c'est-à-dire qu'ils financent sans rien attendre en retour. Ils ont une vision de gestionnaires d'entreprises. Toute intervention, pour eux, doit être rentable. Afin de les stimuler, il faut que l'impact de l'activité du festival soit le plus profond possible, dans la ville où il agit. Cette rencontre a le mérite de faire un constat objectif de la situation du théâtre algérien, laquelle a contraint les hommes de théâtre à sortir de leur réserve et de faire des recommandations qu'ils estiment à la hauteur des attentes du 4ème art et de le faire sortir de son mutisme et de sa léthargie. À la bonne heure!