Plus que de menacer la sécurité des données, l'Intelligence artificielle (IA) risque de prendre le contrôle sur le monde. Elle met, désormais, l'humanité face à ses responsabilités. C'est ce qu'a indiqué le professeur Mustapha Cherif, philosophe, sociologue,authentique défenseur du dialogue des civilisations, ancien ambassadeur et ancien ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, lors de la 72eme session de formation du Club de presse Ooredoo. Une session qu'il a animée en présence du Directeur général par Intérim de Ooredoo, Roni Tohme, à la faveur d'une soirée ramadhanesque abritée par l'hôtel Sheraton d'Alger. Celle-ci a vu la participation de nombreux journalistes représentant différents médias nationaux ainsi que la présence d'invités d'honneur. Dans son intervention, le conférencier a donc soulevé les risques et les menaces civilisationnels que charrie l'IA, de même qu'il a évoqué la problématique de suprématie entre l'homme et la machine. Le professeur Mustapha Cherif a rappelé que l'IA est une discipline jeune de près de 70 ans qui imite le cerveau humain. Elle se décline sous deux formes : l'IA générative qui se contente de livrer des résultats et l'IA distributive qui peut émettre de l'expertise. Concernant cette dernière, le professeur Mustapha Cherif a expliqué que « le danger vient des algorithmes qui lui donnent la possibilité d'apprendre par elle- même », et d'ajouter : « L'IA qui peut décider sans l'intervention de l'homme pose un vrai enjeu existentiel et anthropologique », et d'enchaîner : « L'IA puise sa force dans la data. En se nourrissant de milliards de données, elle devient de plus en plus forte. « Grâce aux algorithmes, elle ne se contente plus de l'automatisation, mais se mêle de tout », a alerté le professeur Mustapha Cherif qui a précisé que «l'IA qui n'est pas consciente est dépourvue d'affect ». Selon Mustapha Cherif, à ce stade de son développement, l'IA est capable de donner lieu à des risques politico-sécuritaires, à une situation de domination…surtout que la civilisation est chancelante. Face au danger, l'humanité doit revenir aux fondamentaux, a-t-il révélé, en énumérant les solutions éducatives et culturelles, la solution socio-économique et la solution juridique et spirituelle. « Nous avons besoin de nous ressourcer et d'innover sur la base d'une pensée culturelle, éducative et éthique » a-t-il mentionné à ce propos en conviant à renouer avec la mesure et le sens de l'engagement. Le professeur Mustapha Cherif estime que face à l'urgence il est temps de rattraper certains dérapages. «Il nous faut rétablir l'équilibre entre les notions de devoirs et de droits, et mettre de côté les faux débats idéologiques qui perturbent l'intelligence » note-t-il en concluant que « nous avons pour responsabilité d'expliquer les limites éthiques et politique du phénomène » renvoyant du coup à prendre exemple sur l'interdiction par l'ONU du clonage humain incompatible avec la dignité et la protection de la vie humaine. À l'occasion de cette « Qaâda » digne de l'ambiance des soirées ramadhanesques, et qui a vu se dérouler la 72eme session de formation dont le thème a été « L'intelligence artificielle : enjeux et impacts », Ramdane Djazaïri, Directeur des affaires corporatives à Ooredoo, a annoncé le lancement, après le mois de Ramadhan, de la 16eme édition du concours journalistique « Media Star» 2023.