Les cours de l'or noir n'étaient pas à la fête la semaine écoulée. Ils ont toutefois dans un sursaut d'orgueil clos la semaine qui s'est achevée le 21 avril en hausse. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, pour livraison en juin qui avait accusé deux séances de baisse significatives (mercredi et jeudi), s'est apprécié de 0, 56 dollar vendredi pour terminer la semaine à 81,66 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), dont c'était le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, progressait de son côté 0, 50 dollar pour finir à 77, 87 dollars. Les experts ont attribué ce léger mieux à un rebond technique. La hausse de vendredi est essentiellement due à des facteurs techniques, a estimé James Williams, de WTRG Economics. «Chaque fois que vous avez une baisse ou un gain significatif sur un ou deux jours, vous avez droit à un mouvement technique derrière.» Ce qui n'augure pas de bons présages à en croire certains analystes qui ne voient pas les cours reprendre de l'élan à court terme. Le marché doutant toujours des perspectives de la demande mondiale. Il semble que les intervenants soient sceptiques quant au potentiel de rebond de la Chine, ont souligné, dans une note, les analystes du second groupe bancaire allemand, Commerzbank, qui ont relevé également la robustesse des exportations russes, malgré les sanctions. Selon les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie la demande mondiale globale devrait pourtant augmenter de 2 millions de barils, et la Chine, second importateur mondial d'or noir, constituerait à elle seule, 45% de la croissance de la demande. La Chine «reprendra cette année son rôle bien établi de moteur majeur de la croissance de la demande mondiale de pétrole», avait indiqué l'Agence basée à Paris. Dans son dernier rapport publié le 12 avril. La demande du second importateur mondial de pétrole doit progresser de 900 000 barils par jour par rapport à 2022, selon le bras énergétique des pays occidentaux. Ce qui représente 45% de l'augmentation totale de la demande mondiale. Cette façon de souffler le chaud et le froid ne semble pas en tout cas arranger les affaires du baril. Il faut savoir en effet que les prix du pétrole étaient tombés, le 20 avril à leur plus bas niveau depuis l'annonce, le 2 avril, d'une coupe de production de 1,16 million de barils par jour initiée par huit membres de l'alliance Opep+ (Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs partenaires de l'accord hors Opep). Les cours ont continué de s'enfoncer dans le sillage d'un marché boursier déçu des perspectives des entreprises et de plusieurs indicateurs américains moroses. Ce qui peut se traduire par un probable ralentissement économique qui affecterait la demande. «On craint que l'économie ralentisse», a souligné Phil Flynn de Price Futures Group. La baisse massive des stocks américains de Brut publiée la veille aurait dû pourtant écarter cette crainte et s'accompagner par un rebond des cours de l'or noir. Durant la semaine achevée le 14 avril, les réserves commerciales ont fondu de 4,6 millions de barils, selon des chiffres publiés le 19 avril par l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) alors que les analystes n'attendaient qu'une petite baisse de 250 000 barils, selon un consensus établi par l'agence Bloomberg. La production américaine d'or noir est, elle, restée stable, à 12,3 millions de barils par jour. Quant à la demande, elle a légèrement accéléré (+1,3% sur une semaine). Paradoxalement, les cours de l'or noir peu influencés par ces chiffres ont poursuivi leur dégringolade le lendemain. «Le marché ignore les chiffres de l'offre et de la demande de pétrole et se concentre sur la possibilité d'un ralentissement économique», a fait remarquer Phil Flynn de Price Futures. «Les investisseurs en matières premières n'ont d'autres choix que de se couvrir contre le risque que les banques centrales continuent d'augmenter les taux, ralentissant l'économie et diminuant la demande d'essence», notait pour sa part Stephen Innes, analyste chez SPI. Le baril est-il entré dans une nouvelle zone de turbulence. On en saura davantage demain...