Le pétrole s'inscrivait en hausse hier matin en Asie avant la publication du chiffre révisé de la croissance américaine, mais les prix du brut devraient être freinés par la prudence des investisseurs pendant les fêtes de fin d'année. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en février s'adjugeait 51 cents, à 55,77 dollars tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance prenait 29 cents, à 60,40 dollars. Les cours du pétrole "pourraient monter aujourd'hui (mardi) car les analystes escomptent une révision à la hausse du taux de croissance du PIB américain au troisième trimestre", notait Daniel Ang de Phillip Futures à Singapour. Ce chiffre devait être publié dans la journée par le département américain du Commerce. Selon des économistes interrogés par le Wall Street Journal, la croissance du PIB des Etats-Unis, premier consommateur mondial de brut, a été de 4,3% sur la période juillet-septembre au lieu de 3,9% estimés précédemment. L'agence de notation Standard and Poor's a quant à elle relevé sa prévision de croissance pour les Etats-Unis en 2015, en estimant qu'avec une essence moins chère, les dépenses de consommation allaient augmenter. Les cours de l'or noir ont perdu environ 50% de leur valeur depuis la mi-juin, grevés par l'abondance de l'offre, le renforcement du dollar et la faiblesse de la demande dans un contexte de ralentissement de l'économie mondiale. L'Opep est tenue pour partie responsable de la tendance après qu'elle a décidé, lors de sa dernière réunion en novembre, de maintenir son plafond de production à 30 millions de barils par jour (mbj) et de laisser les prix se stabiliser d'eux-mêmes. A leurs plus bas niveaux depuis la mi-2009, les cours du pétrole devraient évoluer dans une fourchette réduite au cours des prochains jours, selon Daniel Ang. De nombreux opérateurs "arrêtent leurs positions avant Noël et attendent le Nouvel an avant de reprendre les transactions", a-t-il relevé. La veille, les cours du pétrole coté à New York se sont repliés lundi, après des déclarations de responsables de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui ont confirmé l'intransigeance du cartel sur le maintien de sa production à son niveau actuel. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en février a perdu 1,87 dollar sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 55,26 dollars, effaçant en grande partie un rebond effectué vendredi. A Londres, le cours du baril de Brent pour livraison en février a lui cédé 1,27 dollar, à 60,11 dollars, sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Ces baisses sont "une réaction aux commentaires (du ministre saoudien du Pétrole) Ali al-Nouaïmi, qui a exclu une baisse de la production et renvoyé à leurs responsabilités les producteurs qui ne sont pas membres de l'Opep", a commenté Michael Lynch, de Strategic Energy & Economic Research. Ali al-Nouaïmi s'est en effet dit dimanche "convaincu" que les cours allaient remonter et a imputé leur effondrement au "manque de coopération" des pays non-membres de l'Opep. "S'ils décident de réduire leur production, ils seront les bienvenus. (...) L'Arabie saoudite ne va certainement pas réduire" la sienne, a-t-il insisté. "Le marché en est à un point où il attend une réaction de certains producteurs et, en témoignant d'une telle résistance, les Saoudiens encouragent (les cours) à la baisse", a ajouté Michael Lynch. Les cours du brut poursuivent ainsi leur évolution sinusoïdale de la semaine dernière, qui les avaient vu chuter à des niveaux de clôture sans précédent depuis début mai 2009, pour finir vendredi sur un rebond de plus de deux dollars. "Le rebond de vendredi était surtout technique, le marché obtenant un peu de soutien avec l'expiration" du contrat pour livraison en janvier, a expliqué Phil Flynn de Price Futures Group. En décidant, lors de sa dernière réunion en novembre, de maintenir son plafond de production à 30 millions de barils par jour (mbj) et de laisser les prix se stabiliser d'eux-mêmes, l'Opep a opéré un changement de stratégie, qui a largement contribué à la chute des cours du brut, en chute de près de 50% depuis la mi-juin. Lors du week-end, "le ministre saoudien a même laissé entendre que l'Opep pourrait même augmenter son offre si de nouveaux clients émergeaient car le cartel cherche à protéger ses parts de marché", ont aussi noté les analystes du courtier PVM. La nouvelle politique de l'Opep est une stratégie de long terme, selon plusieurs analystes, ce qui a été d'ailleurs confirmé par le ministre irakien du Pétrole, Abdel Abdelmahdi, dimanche. "Nous devons attendre et voir les réactions du marché et des autres pays", a-t-il dit, évoquant une stabilisation des prix à 60 dollars le baril. Hors de l'Opep, la présidente brésilienne, Dilma Rousseff, a, elle, assuré qu'"en ce moment, le prix du pétrole ne nous inquiète pas". Parmi les conséquences économiques de la baisse des cours du pétrole, l'agence de notation Standard and Poor's a relevé sa prévision de croissance pour les Etats-Unis en 2015, en estimant qu'avec une essence moins chère, les dépenses de consommation allaient augmenter.