Le président ukrainien Volodymyr Zelensky rencontre à Istanbul son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, à la veille du 500e jour de l'invasion russe de l'Ukraine et à l'approche d'un sommet crucial de l'Otan.»Nous avons besoin d'honnêteté dans nos relations» avec l'Alliance atlantique, a affirmé Zelensky devant la presse jeudi à Prague, aux côtés du président tchèque Petr Pavel. Il est temps de démontrer «le courage et la force de cette alliance», a-t-il ajouté. Lors de cette première visite en Turquie du chef de l'Etat ukrainien depuis février 2022, Zelensky et Erdogan s'entretiendront notamment, selon le quotidien pro-gouvernemental Sabah, de l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes conclu en juillet 2022 avec le parrainage des Nations unies et de la Turquie, que la Russie ne voit «aucune raison» de prolonger à son expiration le 17 juillet. Moscou se plaint depuis plusieurs mois d'entraves à un autre accord - bilatéral - signé en juillet dernier avec l'ONU sur ses exportations d'engrais. Ce déplacement intervient également à quatre jours de l'ouverture du sommet annuel de l'Otan à Vilnius des 11 et 12 juillet au cours duquel les responsables de l'Alliance atlantique espèrent convaincre Ankara de lever son veto à l'adhésion de la Suède. Jeudi, Zelensky s'est rendu à Prague après une visite en Bulgarie pour discuter de l'adhésion à l'Otan et plaider pour une accélération de la livraison d'armes par ce pays grand producteur de munitions, en pleine contre-offensive de Kiev. Le dirigeant de Kiev a déclaré qu'il voulait que l'Ukraine reçoive un «signal clair» qu'elle rejoindrait l'Otan. «L'Ukraine n'a pas reçu d'invitation sous une forme ou une autre», a dit Zelensky. «Je pense qu'il est nécessaire de démontrer la force et l'unité de l'Alliance», a-t-il ajouté. Les Alliés cherchent encore une ligne commune sur les garanties de sécurité qu'ils sont prêts à accorder à Kiev ainsi que sur l'invitation à l'Ukraine à rejoindre à terme l'Otan. Concernant la contre-offensive ukrainienne, Zelensky a admis qu'elle n'était «pas rapide» mais que les troupes de Kiev avançaient. «L'offensive n'est pas rapide, c'est un fait», a-t-il reconnu. «Mais néanmoins, nous avançons, nous ne reculons pas, comme les Russes», a assuré à des journalistes le président ukrainien à Prague. Sur le terrain, la nuit de mercredi à jeudi a été marquée par une frappe russe sur Lviv, grande ville de l'Ouest de l'Ukraine rarement ciblée. Dix personnes ont été tuées dans cette attaque, a annoncé hier matin le maire de Lviv Andriï Sadovyi. La salve de missiles russes a endommagé plus de 30 immeubles et d'autres bâtiments, selon les autorités locales. L'armée russe a assuré avoir ciblé des sites de «déploiement temporaire» de soldats ukrainiens. «Toutes les installations désignées ont été touchées», a affirmé le ministère de la Défense. Près d'un mois après le début de la contre-offensive ukrainienne, et alors que samedi marquera le 500e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, l'état-major de Kiev a revendiqué des avancées «dans certains endroits», autour de la ville dévastée de Bakhmout. A la centrale nucléaire de Zaporijjia, tenue par l'armée russe dans le sud de l'Ukraine, les «tensions diminuent». Moscou et Kiev s'accusaient depuis plusieurs jours d'une provocation imminente dans cette centrale nucléaire, la plus grande d'Europe. De son côté, le président bélarusse Alexandre Loukachenko a assuré jeudi que le sulfureux patron du groupe Wagner, Evguéni Prigojine, se trouvait en Russie, malgré l'accord passé après sa rébellion avortée qui prévoyait qu'il s'exile au Bélarus. Selon lui, les combattants de Wagner se trouvent eux aussi «dans leurs camps permanents» de l'est de l'Ukraine et non au Bélarus, «pour le moment». Le Kremlin a indiqué hier qu'il suivrait «de très près» les discussions du président ukrainien Volodymyr Zelensky, attendu en Turquie dans la soirée, avec son homologue Recep Tayyip Erdogan.»Nous suivrons de très près les résultats des négociations et nous maintiendrons notre partenariat constructif avec Ankara», a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, saluant le «rôle de médiateur» d'Erdogan dans le conflit en Ukraine.