Au moment où la planète entière est mise sur un pendule oscillant entre les pro et anti-Occidentaux, l'Algérie s'agrippe fermement à sa position de pays non aligné. L'illustration incontestable de cette realpolitik qui caractérise la diplomatie algérienne, nous est venue hier. Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf, a reçu de la part de son homologue américain, le secrétaire d'Etat Antony Blinken, une lettre l'invitant à effectuer une visite de travail à Washington «dans les délais les plus rapprochés que permettraient les engagements respectifs des deux parties», a indiqué un communiqué du ministère. Le communiqué des AE note que la visite de Ahmed Attaf à Washington sera «l'occasion de tenir la sixième session du dialogue stratégique algéro-américain». Le même document précise également qu'une attention particulière sera accordée à la sécurité régionale, à la lutte contre le terrorisme, au partenariat économique en développement constant, ainsi qu'aux domaines de la culture et de l'éducation qui prennent une place grandissante dans les relations entre les deux pays. Une telle proximité vient confirmer que l'Algérie et les Etats-Unis sont des partenaires stratégiques. Tout se passe désormais comme si les relations entre les deux pays étaient frappées du sceau du pragmatisme et du réalisme. Si elles ne sont jamais à l'abri de soubresauts de caractère politique, elles semblent avoir acquis plus de stabilité par rapport au passé, grâce à un dialogue permanent entre les responsables des deux pays qui n'existait pas dans les années 60 ou 70. «Nous sommes un Etat neutre et nous nous considérons comme étant amis des Etats- Unis. Le non-alignement est notre politique», a déclaré en mars dernier, le Président sur la chaîne Al Jazeera. Un message qui semble parfaitement reçu par les responsables américains. L'invitation adressée par le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, à son homologue algérien Ahmed Attaf, arrive quelques jours après le message élogieux et chaleureux envoyé par le président des Etats-Unis d'Amérique, Joe Biden à son homologue, Abdelmadjid Tebboune à l'occasion du 61e anniversaire de la fête de l'Indépendance. «Au nom du peuple américain, je vous présente, ainsi qu'au peuple algérien, mes meilleurs voeux à l'occasion de la célébration de la fête de l'indépendance de l'Algérie», a écrit Joe Biden félicitant son homologue Tebboune. Le président américain a souligné dans son message la qualité d'un fort partenariat et d'une relation qui a contribué à la promotion de la paix et de la prospérité pour les deux peuples. «Nous travaillons ensemble pour relever les grands défis de sécurité régionale, notamment la lutte contre l'extrémisme et le terrorisme», a ajouté Biden soulignant le rôle pivot que joue l'Algérie au niveau régional et continental. Le président Biden n'a pas manqué d'exprimer également sa réjouissance de voir l'Algérie entrer au Conseil de sécurité de l'ONU avant de conclure qu'il a «hâte d'approfondir encore plus, au cours de l'année à venir, le partenariat entre nos deux pays et l'amitié entre nos peuples». C'est avec les mêmes termes chaleureux et des messages forts que le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a lui aussi félicité le peuple et le gouvernement algériens à l'occasion du 61e anniversaire de l'Indépendance. «Nos deux pays s'associent à un attachement profond d'indépendance qui constitue une base solide de notre partenariat permanent et historique. Nos deux peuples partagent également des liens culturels, éducatifs et économiques profonds et qui ne cessent de s'agrandir», a écrit Blinken dans un communiqué diffusé sur le site du ministère américain des Affaires étrangères. L'invitation de Ahmed Attaf à Washington intervient également quelques jours après que le navire américain Trenton a accosté au port d'Alger, du 4 au 6 juillet dernier, pour célébrer les fêtes de l'indépendance des Etats-Unis et de l'Algérie. Seul navire étranger au port d'Alger pendant les deux Fêtes nationales, l'USNS Trenton avait accosté près du navire de la Marine algérienne Soummam (937), le premier navire militaire algérien à visiter les Etats-Unis en 2012 en commémoration des 50 ans de l'indépendance de l'Algérie. Ces gestes et ces messages témoignent de manière très claire de la confiance et du respect qui lient les deux pays. C'est réellement la lune de miel entre Alger et Washington.