480.487 personnes ont subi un examen pour un problème de santé mentale durant l'année dernière. Selon l'OMS, plus de 450 millions de personnes sont atteintes de troubles mentaux neurologiques ou souffrant de problèmes psychosociaux. La dépression est actuellement la 5e cause de mortalité et de handicap dans le monde. En Algérie, le tableau dressé, hier, lors de la présentation du programme national de santé mentale 2006-2009 par les responsables du ministère de la Santé, n'est pas du tout reluisant. Bien que les chiffres avancés rapprochent l'Algérie des données de l'OMS, selon le premier responsable du secteur, M.Amar Tou, la situation demeure toutefois préoccupante. «La prise en charge de cette frange de malades demeure faible. La santé mentale constitue un problème qui doit nous préoccuper davantage», reconnaît le ministre en expliquant cela par le fait que la psychiatrie attire très peu de jeunes médecins. Les statistiques officielles avancées par le Dr Boualem Cherchali parlent de 26.307 personnes souffrant d'affections mentales recensées en 2005. La psychose vient en tête avec 13.480 cas, représentant 15,24% du total suivie de l'épilepsie avec 10.052 malades, représentant 38,21% et de la dépression avec 1560 cas recensés, soit 6,76%, la névrose avec 753 malades, et enfin la démence avec un total de 102 cas. Toujours selon les chiffres avancés par le Dr Cherchali, une forte prévalence des consultations psychiatriques est constatée. En 2005, 44.872 consultations de psychiatrie d'urgence ont été enregistrées, 330.267 en psychiatrie externe et 105.348 en psychologie. En tout, 480.487 personnes ont subi un examen pour un problème de santé mentale durant l'année dernière. A titre de comparaison, 54.914 examens en psychiatrie externe ont été recensés en l'an 2002 alors que les consultations en psychologie représentaient un nombre de 12.051. L'on peut constater, à travers ces chiffres une constante augmentation du nombre des consultations pour troubles mentaux durant ces dernières années. Pour le Dr Cherchali, cette progression est liée à plusieurs facteurs, notamment à une meilleure déclaration des activités des structures psychiatriques ainsi qu'à la mise en place d'un nombre important de Centres intermédiaires de santé mentale. Mais, dira-t-il, la santé mentale des Algériens en a pris un sérieux coup au cours de la décennie noire. L'ampleur de ce problème a été également relevée dans les résultats d'une enquête sur la santé de la famille réalisée en 2002. Selon cette étude, ils sont 150.000 personnes à souffrir de maladies mentales, soit 0,5% de la population algérienne et 63.000 épileptiques, soit 0,2% des Algériens. La maladie mentale touche surtout l´adulte jeune (moins de 40 ans), mais indifféremment la femme que l´homme, l´urbain que le rural, selon le même rapport. Concernant la couverture sanitaire en Algérie, il existe actuellement 1,43 lit pour 10.000 habitants, 1,13 psychiatre pour 100.000 habitants, 6,44 infirmiers pour 100.000 habitants, 1 psychiatre pour 6 infirmiers et 1 psychiatre pour 25 lits. Le nombre total de psychiatres est de 378 et le nombre total d´infirmiers exerçant en psychiatrie est de 2128, selon les chiffres fournis. Selon le Dr Cherchali, l´évaluation de 5 années de mise en oeuvre de ce programme a fait ressortir des «insuffisances» qui ont engendré des désagréments aux malades. Parmi celles-ci, il faut noter le déficit important en lits psychiatriques dans les hôpitaux publics, une saturation rapide des services en charge de l´urgence psychiatrique. Il est aussi signalé la rupture fréquente en médicaments psychotropes dans les services spécialisés et les officines et la liste des médicaments gratuits destinés aux malades mentaux demeure limitative. Le programme national de santé mentale a pour objectif justement de répondre à cette situation, souligne le premier responsable du secteur. Il nécessite une enveloppe budgétaire de 6,6 milliards de DA. Il prévoit d´atteindre d´ici 2009 les ratios de 1,5 lit pour 10.000 habitants, de 1,55 psychiatre pour 100.000 habitants et 8 infirmiers en soins psychiatriques pour 100.000 habitants. Au volet formation, le programme se fixe, comme objectif, la formation complémentaire des 400 médecins généralistes des centres intermédiaires de santé mentale pour le traitement des affections mentales les plus fréquentes. En parallèle, 120 infirmiers en psychiatrie seront formés, dans le cadre de ce programme national de santé mentale.