À la tête d'un gouvernement intérimaire au lendemain des résultats inattendus des législatives anticipées, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez est certain de rester en place jusqu'à ce que l'Espagne sorte du blocage politique dans lequel elle se retrouve faute d'une majorité de droite ou de gauche. Depuis mardi, les tractations vont bon train avec les formations susceptibles de permettre aussi bien au Parti populaire (droite) qu'au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de parvenir à une majorité nécessaire et suffisante pour présenter un gouvernement agréé par le nouveau Parlement. Mais on est loin de cette étape tant les cartes actuelles dont disposent l'un et l'autre camp sont pour le moins compliquées. Le pays est face à un véritable casse-tête politique et il semble bien que le recours à de nouvelles élections soit la seule solution envisageable, à moins d'un spectaculaire retournement de situation. Le Parti populaire (PP) du conservateur Alberto Núñez Feijóo est dans une position incertaine avec les 136 sièges remportés sur un total de 350 au Congrès des députés car il reste loin de la majorité absolue (176 sièges) même en cas d'alliance avec Vox, le parti d'extrême droite qui, lui, totalise 33 députés. Il n'a pas d'autre alternative que celle-là, toutes les autres petites formations ayant le regard tourné vers l'alliance de gauche. En outre, Feijoo a pris des risques sérieux durant la campagne en laissant planer le doute sur un quelconque deal avec l'extrême droite, convaincu qu'il obtiendrait par-là même le ralliement d'un certain nombre de ses électeurs et parviendrait aux 150 sièges espérés à la veille du scrutin. Côté socialiste, si l'alliance avec Sumar (31 sièges) et d'autres formations moindres de gauche pourrait ne pas poser problème, il faudra quand même à Pedro sanchez obtenir les voix du parti séparatiste catalan de Carles Puigdemont, Junts per Catalunya (JxCat). Celui-ci est désormais le faiseur de roi avec ses 7 députés et Sumar a déjà engagé l'approche pour une coalition de 172 députés grâce à laquelle Sanchez serait maintenu au pouvoir. Mais Puigdemont, ayant perdu son immunité d'eurodéputé à la demande de Madrid, ne fait pas mystère de son exigence première: un référendum d'indépendance pour la Catalogne. Chose que Sanchez et encore moins son rival de droite ne peuvent envisager car elle est anti constitutionnelle. De plus, Junts per Catalunya s'est systématiquement inscrit en porte-à-faux par rapport au gouvernement Sanchez depuis 2019 et il n'y a pas de raison pour qu'il change son fusil d'épaule. Ultime scénario, les deux camps antagonistes sont en attente fébrile des résultats du décompte des bulletins des Espagnols de l'étranger. Celui-ci doit commencer demain et pourrait durer plusieurs jours, d'autant que son impact, d'après les médias espagnols, pourrait être décisif dans les provinces où l'écart entre les deux principaux partis était des plus réduits.