A force d'être soumis à des pressions, les nerfs les plus solides finissent par craquer. L'individu, quelle que soit sa force de caractère, à force d'encaisser des déboires, de vivre de mauvaises expériences et des déceptions, voit sa résistance s'amenuiser. Il peut devenir mélancolique, sans énergie aucune, comme il peut devenir agressif, toujours prêt à exploser. Il peut tout aussi, sombrer dans la dépression, vivant constamment dans l'angoisse, toujours à broyer du noir. La vie, pour lui, est une bataille perdue d'avance. Il ne se projette plus dans l'avenir et le présent lui pèse énormément. L'espoir, mordre dans la vie à pleines dents, ce sont pour lui des notions qui n'ont plus aucune signification. Cet individu souffre énormément au point où, parfois, il envisage d'en finir une bonne fois pour toutes. Il sombre donc dans la résignation avant de passer à l'acte fatal. Et là, la notion de foi peut intervenir : si celle-ci est assez forte, l'individu s'en remettra à Dieu. Dans le cas contraire, c'est l'irréparable qui risque de se produire. Les chiffres plus qu'alarmants des suicides et des tentatives de suicide, viennent confirmer que la malvie s'est bel et bien installée dans notre société. Il ne se passe pas un jour sans que des personnes n'essayent d'attenter à leur vie. Annaba, à l'instar des autres villes du pays, est profondément affectée par le suicide, notamment dans le milieu des jeunes, qui en arrivent à cette extrémité. Durant l'année 2005, on a enregistré 37 cas, entre suicides et tentatives de suicide. Ce chiffre a plus que doublé en 2006, où plus de 70 cas ont été enregistrés ; et l'année n'a pas encore touché à sa fin. Ce sont le plus fréquemment, des jeunes filles âgées entre 18 et 30 ans qui sont touchées par ce phénomène. Ces femmes autant que les hommes optent le plus souvent pour la prise de médicaments, particulièrement les produits organo phosphorés (insecticides ou mort au rat). Quand à la gent masculine, elle a plutôt recours à la chute volontaire ou à la pendaison. Durant le premier semestre 2006, à Annaba, 35 femmes (surtout des jeunes filles) ont essayé d'attenter à leur vie, en ingurgitant des médicaments ainsi que 35 hommes. Durant le mois de mai écoulé, on a enregistré, pour une seule journée uniquement, 5 cas de suicide. Deux jeunes hommes ont mis fin à leur vie en se jetant, l'un du 3e étage d'un immeuble et l'autre du 4e, ils décéderont sur le coup. Autre cas de suicide enregistré au 8 mai 1945, une jeune fille de 20 ans s'est jetée du 2e étage. Dans la même journée, un autre jeune mettra un terme à sa vie en se coupant les veines, au moment où un autre a été découvert mort dans son domicile, pendu au plafond de sa chambre. La plupart du temps, les «candidats» au suicide par empoisonnement s'en sortent après un lavage d'estomac, effectué à temps. Les services qui prennent en charge ces personnes, déclarent que c'est souvent pour des futilités qu'elles arrivent à cette extrémité. C'est souvent suite à des corrections administrées par un membre de la famille. Amira, jeune fille de 19 ans, explique son geste par le fait qu'elle voulait punir son frère qui lui avait interdit de sortir. Futilité ou pas, il ne faut pas perdre de vue que ces tentatives de suicide sont un véritable signal d'alarme. C'est un appel au secours pour faire comprendre à l'entourage que rien ne va plus. Si le message n'a pas été saisi, il y a risque de récidive. En face de ces dépressifs «modérés», il y a malheureusement des gens qui refusent tout bonnement de continuer à vivre. Ceux-là, choisissent des moyens plus radicaux: chute volontaire, pendaison ou prise de produits cosmétiques qui, souvent, ne pardonnent pas. Le suicide, ce comportement dramatique que, peut-être, personne de l'entourage n'avait prévu, reste le phénomène du siècle.