L'Expression: Vous étiez Directeur général de la Sonatrach en poste au Niger. À votre avis comment la Russie pourra-t-elle contribuer à l'essor de l'Afrique, notamment énergétique, conformément aux résolutions de ce sommet Russie-Afrique? Saïd Ferhati: Je pense qu'il faut revenir aux déclarations du président Vladimir Poutine, lors de ce sommet, où il présente la Fédération de Russie comme le digne héritier de l'ex-Union soviétique. Il faut dire que dans le contexte de cette époque là, l'Union soviétique pour faire face au bloc occidental avait aidé l'Afrique à accéder à son indépendance, et à bâtir son industrie, son enseignement et à exploiter son énergie. La Russie d'antan a été omniprésente aux côtés des Africains, dans les domaines les plus divers. C'est le cas aussi pour l'Algérie, où nombre de domaines ont vu la contribution et la collaboration des Russes dans diverses activités et secteurs. Je citerai, à titre d'exemple, la coopération technique dans le domaine des hydrocarbures, dans le domaines de l'industrie, les textiles, l'agroalimentaire, etc... Il y avait même les instituts du pétrole, à l'époque qui avaient vu le jour, un peu partout dans le pays, formant des milliers d'ingénieurs algériens. D'ailleurs, dans les années70, on avait assisté à ce boom industriel remarquable en Algérie, à cette époque-là. Pensez-vous que cette coopération qui se profile va-t-elle profiter à un transfert d'expertise et de technologie? Je pense que c'est une évidence. Comme l'a dit le président russe, la Russie est en train de former des ingénieurs et autres techniciens, qui sont des milliers. Et contrairement à ce qui se passe en Occident, ces étudiants regagnent leurs pays respectifs, en fin de cursus, pour y apporter l'expertise requise pour le développement de leurs nations. Ils prennent place dans le tissu économique de leurs pays respectifs. À charge des responsables et politiques africains de réserver une place à ces jeunes ingénieurs, afin de leur permettre de contribuer à l'essor national. Bien entendu, la stabilité politique doit être de mise aussi. Poutine a évoqué une possible coopération en matière d'énergie électrique. Comment la Russie pourrait-elle contribuer dans ce domaine? Il y a trois types de génération électrique, à savoir par l'hydraulique, celle par les hydrocarbures et enfin par le solaire et l'éolien. Bien que disposant de fleuves importants à forts débits en hiver, les pays africains, ne peuvent pas,cependant, les exploiter en été. Pour la génération électrique par hydrocarbures,elle pose problème étant donné que la plupart des pays africains ne disposent pas de ces réserves énergétiques. Pour ce qui est des EnR, cela représente des investissements colossaux, dont est dépourvue l'Afrique. En ce moment, les pays d'Afrique doivent envisager des formules pour des partenariats gagnant-gagnant avec la Russie, qui est disposée à exporter son industrie. Les Africains sont tenus de saisir cette opportunité. Vous avez fait partie du voyage de presse organisé par Gazprom dans différentes installations gazières en Russie. Quel est votre sentiment par rapport aux objectifs de ce périple important? En fait, c'est une opération qui vise à mettre en valeur les capacités et le potentiel de Gazprom technologiques et le développement de l'industrie pétrolière, en général, et à montrer le savoir-faire russe. Et partant, une offre de service et des prestations multiples qui pourraient aider et servir l'Afrique. Comment avez-vous trouvé les Russes par rapport au conflit ukrainien? Le peu de temps que nous avons passé en Russie. Nous avons même eu la chance de voir des autochtones, qui ne sont pas aussi déracinés ou coupés de la Russie. Nous avons également constaté de visu dans les différentes villes que nous avons visitées, que les Russes sont paisibles et qu'il n'existe pas de dispositifs de sécurité spéciaux. Nous n'avons même pas vu de policiers en uniformes, jusqu'à l'arrivée de Poutine à Saint-Pétersbourg. Cela montre que les Russes n'ont pas de craintes particulières à ce sujet. Nous avons visité également des surfaces, où nous avons constaté une disponibilité et une variété de produits impressionnantes.