Des chefs religieux musulmans nigérians sont arrivés à Niamey pour rencontrer des responsables du régime militaire avec l'accord du président du Nigeria Bola Tinubu, ont indiqué des sources proches du régime nigérien et de la délégation. Les chefs religieux ont été reçus à l'aéroport Diori Hamani par le Premier ministre civil fraîchement nommé, Ali Mahaman Lamine Zeine, selon l'Agence de Presse nigérienne (ANP). Cette délégation de chefs religieux est dirigée par le Sheikh Bala Lau, le chef d'Izala, un mouvement islamique d'inspiration salafiste, au Nigeria. Une source proche de la délégation a indiqué que cette «mission de médiation» menée avec l'accord du président Tinubu, également président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Son objectif est «d'apaiser les tensions créées par la perspective d'une intervention militaire de la Cédéao», selon cette source. En début de semaine, M. Lau et d'autres chefs religieux avaient rencontré M. Tinubu au palais présidentiel à Abuja, la capitale du Nigeria, où la mission avait été discutée. «Les religieux sont à Niamey pour expliquer aux dirigeants de la junte que le Nigeria ne combat pas le Niger et que les décisions prises au sujet du Niger ne sont pas celles du Nigeria mais celles de la Cédeao en tant que bloc régional», a déclaré la source proche de la délégation. Cette médiation intervient deux jours après un sommet extraordinaire de la Cedeao, où les dirigeants ont dit privilégier une résolution de la crise par la voie diplomatique, tout en ordonnant le déploiement d'une «force en attente» en dernier ressort pour rétablir le président Mohamed Bazoum dans ses fonctions. Les précédentes tentatives de médiation n'ont rien donné. Les auteurs du putsch avaient refusé mardi d'accueillir une délégation conjointe de la Cedeao, de l'Union africaine (UA) et de l'ONU. Au Nigeria, les voix de parlementaires et de responsables politiques s'élèvent jusqu'au Sénat, pour demander au président Bola Tinubu de reconsidérer une éventuelle intervention militaire de la Cedeao au Niger contre les auteurs du coup d'Etat. Le nord du Nigeria entretient des liens commerciaux et sociaux historiques avec le Niger, avec lequel il partage des affinités culturelles, religieuses et linguistiques. Une délégation du CNSP (Conseil national pour la sauvegarde de la patrie) a été reçue à Conakry par les autorités militaires guinéennes auxquelles elle a demandé «un soutien renforcé pour affronter les défis à venir», alors que le régime militaire à Niamey est sous la menace d'une intervention ouest-africaine, a rapporté la télévision publique guinénne. Le chef d'Etat guinéen, le colonel Mamadi Doumbouya, dont le régime est également issu d'un coup d'Etat en septembre 2021, s'est entretenu samedi à Conakry avec cette délégation conduite par le général Moussa Salaou Barmou, a rapporté samedi soir la télévision guinéenne. Le général Barmou a déclaré être venu «remercier les autorités guinéennes pour leur soutien au CNSP pendant ces moments difficiles que traverse le Niger». «Nous étions très inquiets (avec) le peuple nigérien à la suite de certaines dérives sur le plan sécuritaire, dérives (également dues) à des problèmes qui tournent autour d'une corruption endémique. Il importait donc que, pour la sauvegarde de notre nation, nous puissions prendre nos responsabilités afin de sauvegarder notre partie», a-t-il ajouté, en allusion au renversement le 26 juillet du président nigérien élu Mohamed Bazoum.