Réunis en sommet extraordinaire à Abuja, au Nigeria, sous la présidence du chef d'Etat nigerian Bola Ahmed Tinubu, cinq jours après le putsch intervenu au Niger au cours duquel le président élu Mohamed Bazoum a été écarté, les pays membres de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), ont lancé un ultimatum aux militaires pour restaurer, au plus tard dans une semaine, l'ordre constitutionnel. Dans le même esprit, ils ont affirmé qu'un «recours à la force» n'est pas exclu au cas où leur exigence ne serait pas satisfaite. La Cédéao qui réclame «la libération immédiate» du président Bazoum et un «retour complet» au statu quo ante. Les dirigeants ouest-africains ont averti qu'ils prendraient «toutes les mesures nécessaires» y compris «l'usage de la force» pour contraindre les putschistes à renoncer à leur action. Parallèlement, à Niamey, la situation est explosive alors que des milliers de personnes ont manifesté devant l'ambassade de France pour exprimer leur soutien aux militaires putschistes et leur hostilité envers l'ancienne puissance coloniale. Le président français Emmanuel Macron a réagi à ce qu'il qualifie d' «attaque contre la France et ses intérêts» en menaçant de répliquer «de manière immédiate et intraitable à quiconque s'attaquerait aux ressortissants, à l'armée, aux diplomates et aux emprises françaises». L'Elysée a également assuré de son soutien toutes les initiatives régionales de nature à rétablir l'ordre constitutionnel au Niger avec le retour à son poste du président Mohamed Bazoum, Grand croix de la légion d'honneur française en hommage à «son amitié et à sa contribution» aux bonnes relations entre les deux pays. Le nouveau Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP) mis en place par les responsables militaires au lendemain de la mise à l'écart du président Bazoum a, quant à lui, dénoncé une menace d' «intervention militaire imminente» contre le Niger. La manifestation en soutien a drainé des milliers de Nigériens, munis de drapeaux russes et nigériens, dont certains ont tenté de pénétrer dans l'enceinte diplomatique française avant d'être dispersés à coup de grenades lacrymogènes. L'appel avait été lancé, selon des sources concordantes, par le mouvement civil M62 qui avait voici quelques mois mené bataille contre la présence de Barkhane au Niger et réclamé en vain le départ des 1500 soldats français encore présents dans le pays.