Le Nigeria a cessé d'alimenter en électricité le Niger depuis hier, selon une source responsable du secteur de l'énergie. C'est une première mesure qui s'inscrit en droite ligne des sanctions décrétées par les pays membres de la Cédéao au sortir de la réunion extraordinaire à Abuja, consacrée au coup d'Etat intervenu à Niamey où le président Mohamed Bazoum est toujours aux mains des militaires responsables du putsch. En déconnectant la ligne haute tension qui délivre de l'électricité au Niger, le Nigeria confirme la détermination de la Cédéao à obtenir gain de cause tant en ce qui concerne la libération «immédiate et sans condition» du président Bazoum, que le retour à la légalité constitutionnelle. Pour bon nombre d'observateurs, le bras de fer est lourd de conséquences, non seulement pour le pays concerné mais aussi pour l'ensemble de la région ouest-africaine. En effet, de la résolution de la crise nigérienne dépend la survie des régimes en place qui n'entendent pas se retrouver sous la menace pendante de coup d'Etat imprévisible. C'est le cas, surtout, du Nigeria qui, en premier lieu, a ployé durant trois décennies sous le fardeau de dictatures militaires avant de revenir à la démocratie, en 1999. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le président Tinubu réagit avec davantage de détermination face à un putsch dans le pays voisin, ayant consacré sa carrière politique à combattre les coups de force au prix d'un long exil dans les années 90. Le Nigeria, un géant du continent qui préside depuis peu la Cédéao, entend être le fer de lance de la politique de dissuasion des coups de force militaire dans la région mais cette ambition n'est pas sans risque. En fixant un ultimatum d'une semaine au CNSP nigérien, la Cédéao se découvre dans une véritable course contre la montre, surtout qu'elle a brandi la menace d'un recours à la force pour rétablir l'ordre constitutionnel dans le pays. Le chef de l'Etat nigérian, Bola Ahmed Tinubu, est à la parade dans cette nouvelle démarche, déclarant au cours du sommet de la Cédéao: «Il n'est plus temps pour nous d'envoyer des signaux d'alarme...le temps est à l'action». Il a ensuite été soutenu par le chef des armées nigérian, Christopher Musa, qui affirme: «Nous défendons la démocratie et cela doit continuer. Nous sommes prêts et dès que nous recevrons l'ordre d'intervenir, nous le ferons.» Du coup, les chefs d'état-major de l'organisation régionale ouest-africaine sont en conclave depuis hier et jusqu'à demain soir, à Abuja. Ce n'est sans doute pas pour parler de leur projet de vacances.