C'est un sommet historique des Brics, qui a pris acte, hier, à Johannesburg en Afrique du Sud, avec pour agenda de travail, l'élargissement du groupe à d'autres pays, mais aussi débattre des questions d'approfondissement des échanges et de développement du mécanisme entre les pays membres. En présence du président de la République de Chine, Xi Jinping, du président du Brésil, Lula Da Silva, du président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine qui est intervenu en visioconférence, ainsi que du Premier ministre de l'Inde, Narendra Modi, sans compter le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, le sommet semble tenir toutes ses promesses et même au-delà. A priori, le sommet des Brics a eu le mérite de remettre les pendules à l'heure. C'est Poutine, président de la Fédération de Russie qui donnera le ton, en affirmant que le processus de dédollarisation dans les règlements entre les pays de cette alliance économique était irréversible. «Les livraisons de céréales et d'engrais russes à l'étranger sont délibérément bloquées, et en même temps on nous accuse hypocritement de la crise actuelle sur le marché mondial. Cela s'est manifesté dans la mise en oeuvre du soi-disant accord céréalier, conclu avec la participation du Secrétariat général de l'ONU, qui visait initialement à assurer la sécurité alimentaire mondiale», a déclaré le chef du Krémlin, affirmant que la Russie était prête à revenir à l'accord, si toutes ses conditions étaient acceptées. Le Président de l'Afrique du Sud, a confié «nous exhortons à des réformes fondamentales des systèmes mondiaux financiers», a -t-il précisé. Cyril Ramaphosa a estimé que le groupe des Brics détient le pouvoir de créer de profonds changements dans le monde. Le but principal des Brics est le développement multilatéral», a déclaré le Président sud-africain. Une plate-forme d'échanges Le président chinois, Xi Jinping, a confié que le mécanisme des Brics, constituait «une plateforme d'échanges mondiale, qui est devenue une force constructive, contribuant au développement économique mondial». Le président brésilien Lula da Silva a, pour sa part,a confié que le groupe des pays émergents des Brics n'avait pas pour objectif de défier d'autres coalitions internationales, comme le G7 ou les Etats-Unis, mais d'organiser et de préparer le Sud global. Contrairement au Président brésilien, qui avait soutenu que les Brics n'étaient pas un contrepoids au G7 ou au G20, les Présidents chinois, russe et sud-africain, ont clairement affiché leur volonté d'opposer le modèle des Brics aux groupements occidentaux. Affichant son appui en faveur d'un élargissement des Brics, au même titre que les Présidents chinois, russe et sud-africain, Lula a déclaré explicitement qu'il soutenait l'adhésion d'autres pays aux Brics. Pour lui, les Brics ne doivent pas devenir «une tour de Babel». «Nous voulons que les Brics soient une institution multilatérale et non un club exclusif», a-t-il déclaré. C'est cela, qui semble inquiéter, le plus, le monde occidental, car au demeurant, une extension du mécanisme profiterait à un renforcement du potentiel économique, militaire, énergétique, alimentaire, et même géopolitique du groupe, etc. Selon des projections des experts du Brics, une éventuelle extension du groupe, devrait permettre aux Brics d'englober plus de 40% du PIB mondial et un peu plus de 50% de la population mondiale. Faut-il le mentionner, ce qui inquiète l'Occident et, à sa tête les Américains, ce n'est pas tant les considérations politiques, mais plutôt celle liée à la disparition de l'hégémonie du dollar, mais aussi ce renforcement du potentiel énergétique de ce groupe. Le dollar out? Selon des experts, plus de 90% des transactions portant sur le pétrole pourraient se passer du dollar américain, si la candidature de certains pays, gros producteurs de gaz et de pétrole etait retenue. L'Inde a déjà donné le ton en passant un marché d'un million de barils achetés en roupies chez Abu Dhabi National Oil Company. Plus qu'un talk-show de haute voltige, le 15ème Sommet des pays des Brics s'est avéré être une véritable plateforme d'échanges et de propositions, en vue d'un monde nouveau auquel aspirent les peuples du tiers-monde, en matière de croissance inclusive et durable. Question feed-back, le sommet aura, d'ores et déjà, produit une onde de choc au sein des grandes capitales occidentales, dont les médias s'en sont donné à coeur joie, en laissant libre cours à leurs projections, sur fond de supputations et dénigrements. Mais au-delà des inquiétudes, somme toute, légitimes des Occidentaux, ce sont les aspirations toutes aussi légitimes et justes des peuples et des sociétés du tiers- monde qui transparaissent, à travers cette fracassante réunion des pays des Brics. Parallèlement au sommet, la nouvelle banque de développement des Brics, a annoncé devoir passer à la vitesse supérieure, à travers un nouveau plan de charge, qui risque d'agacer plus d'un parmi les Européens et les Américains.