Le quinzième Sommet des cinq puissances non occidentales porteuses d'une vision alternative de l'ordre mondial actuel a attiré l'intérêt de plusieurs pays africains dont l'Algérie. À l'ordre du jour du Sommet des BRICS qui se tient actuellement, et ce, jusqu'au 24 août courant, à Johannesburg en Afrique du Sud, l'élargissement du groupe qui a ouvert ses portes à l'adhésion de nouveaux membres depuis 2022 et le renforcement du rôle de la nouvelle Banque de développement des BRICS en vue de se détacher progressivement du billet vert. Le club des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) évaluera les demandes d'adhésion des 23 pays aux BRICS et celles des 15 pays qui ont soumis une demande pour participer au capital de la nouvelle Banque de développement de ce club (NBD). La concurrence est rude, cinq pays seulement seront approuvés. Aucun nom n'a été dévoilé, cependant. L'Algérie figure, probablement, parmi ces 15 pays qui ont déjà déposé une demande pour devenir un membre actionnaire de la nouvelle Banque de développement des BRICS créée en 2014 en vue de réformer l'architecture financière mondiale élaborée par les accords de Bretton Woods et de rivaliser avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM), accusées par de nombreux pays d'instrumentalisation politique. « La NBD se distinguait de la Banque mondiale et du FMI et ne fixe pas de conditions politiques préalables et nous allons nous transformer en une banque importante pour les pays en développement et les marchés émergents », a déclaré à la veille de la tenue du Sommet des BRICS, l'ancienne présidente du Brésil et présidente de la NBD, Dilma Rousseff, au journal Financial Times. Cette banque a capté l'intérêt de nombreux pays souhaitant devenir des membres actionnaires dont l'Algérie qui a annoncé une première contribution de 1, 5 milliard de dollars. La NBD projette de « prêter en 2023 entre 8 et 10 milliards de dollars », a-t-elle indiqué, précisé que le plan des BRICS est de commencer, préalablement, « à prêter en monnaies locales » afin d'aider les pays partenaires « à réduire la dépendance au dollar et à promouvoir un système financier international davantage multipolaire ». « Les prêts en monnaies locales permettraient aux emprunteurs d'éviter le risque de change et les variations des taux d'intérêt américains », a-t-elle ajouté. A noter que plusieurs pays africains, d'Amérique latine, asiatiques prônent l'utilisation des monnaies locales lors des transactions financières et commerciales internationales. L'Algérie a évoqué cette possibilité avec la Russie. Les deux partenaires stratégiques ont discuté de l'éventualité de régler les transactions financières en monnaies locales (le rouble et le dinar). L'Algérie est représentée par le ministre des Finances, Laaziz Faid. Il participe au forum « BRICS Outreach Plus » dans le cadre de la 15e session du Sommet des BRICS, en qualité de représentant du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Et, il profitera de ce déplacement pour défendre les atouts stratégiques de l'Algérie auprès des chefs d'Etats des cinq pays émergents. A la veille de son départ en Afrique du Sud pour assister à ce Sommet, M. Faid a présidé la cérémonie de signature de l'accord officiel de lancement de la ligne aérienne directe Alger-Johannesburg. « Cette ligne n'est pas seulement un moyen de transport entre deux pays, mais un symbole fort à même d'élargir les champs d'entente entre deux pays frères », a-t-il indiqué. L'Algérie entretient des liens très étroits avec les cinq pays des BRICS et compte bien obtenir son visa d'entrée aux BRICS, d'ici quelques années et à la NBD. Les présidents sud-africain Cyril Ramaphosa, chinois Xi Jinping, brésilien Luiz Lula da Silva et le Premier ministre indien Narendra Modi assistent à cet événement marqué par l'absence du Président russe Vladimir Poutine visé par un mandat d'arrêt international. Les chefs d'Etat des cinq pays émergents interviendraient à ce sommet et discuteraient des sujets brûlants dont celui de l'expansion du groupe des BRICS, des mécanismes de l'accélération de la dédollaristaion et la mise en œuvre d'une monnaie de réserve des BRICS. Les dossiers de candidature des vingt-trois pays ayant demandé officiellement à rejoindre les BRICS, dont l'Arabie saoudite, l'Iran, les Emirats arabes unis, l'Argentine, l'Indonésie, l'Egypte et l'Ethiopie et l'Algérie seront examinés lors de cet événement tant attendu. L'élargissement des BRICS sera progressif. Quelques pays seulement seront sélectionnés. L'Algérie espère décrocher une place de membre observateur au sein de cette alliance, lui offrant ainsi une grande marge de manœuvre pour développer davantage son économie, ses finances ainsi que ses compétences numériques, des atouts concurrentiels majeurs. Le pays a constitué un dossier solide d'arguments, mais doit faire face à une concurrence féroce des autres candidats pour pouvoir convaincre les cinq pays émergents. Ces derniers visent un partenariat « pour une croissance accélérée, développement durable et multilatéralisme inclusif ». C'est le thème de ce Sommet.