Le président de la République a promis des sanctions dissuasives à l'encontre de tout commerçant pris en flagrant délit de pratique de la spéculation sur les produits de large consommation. L'homme a adressé un message clair à tous ceux qui se jouent du pouvoir d'achat des Algériens et, par voie de conséquence, de la stabilité du pays. En liant l'un à l'autre le chef de l'Etat considère que la spéculation n'est pas seulement une pratique commerciale douteuse ou un petit trafic dont peut se rendre coupable le commerçant du coin. L'acte est qualifié de crime, avec tout ce que ce mot peut véhiculer comme charge antisociale. En un mot comme en mille, le président Tebboune considère les spéculateurs comme des ennemis de la société qui ne méritent aucune circonstance atténuante. Le propos est clair comme de l'eau de roche et le premier magistrat du pays n'entend pas nuancer son engagement contre une caste d'individus qui usent de la spéculation comme d'une arme de destruction sociale. Il faut dire que les accusations sont fondées, au sens où malgré un risque de très lourdes condamnations à la prison ferme, jusqu'à la perpétuité, des «campagnes» de tension sur les produits alimentaires de large consommation sont initiées de manière épisodique, voire coïncidant avec des agendas précis. Le mobile du crime ne se limite donc pas à quelques milliards de centimes de bénéfices supplémentaires engrangés à l'occasion d'une de ces campagnes. Bien plus que cela, il y a dans les «razzias» lancées sur l'huile, le riz ou encore les lentilles, un objectif clair, celui de susciter une tension sociale. Précédées et suivies par un tapage «scientifiquement» orchestré sur les réseaux sociaux, avec des comptes relais, des pages créées pour l'occasion et des débats suscités sur des Lives Facebook, Instagram ou TikTok, les pénuries qui peuvent durer quelques jours ou quelques semaines sont autant d'ogives tirées par des milieux intéressés par la faillite du pays, contre la société algérienne. Le propos peut paraître complotiste, sauf que les faits démontrent le caractère préfabriqué de la tension. On en veut pour preuve que ces pénuries ne durent pas longtemps. Ce n'est donc pas une histoire d'offre et de demande, mais bien des opérations de blocage, d'achat massif ou de perturbation de circuit logistique. Des opérations sans doute coûteuses, mais dont l'impact sur le moral des citoyens peut justifier un agenda criminel inavouable. Il est clair que cette situation de tension récurrente sur des produits de consommation, habituellement disponibles en quantité suffisante, ne saurait durer éternellement. Des moyens existent pour faire barrage à ces tentatives de perturbation de la quiétude sociale. Il s'agira de numériser le circuit commercial, renforcer la logistique et mailler le territoire national de supermarchés, de marchés de gros et de marchés de proximité. Les spécialistes du domaine connaissent la marche à suivre pour mettre un terme final à ces pratiques criminelles, dont le mode opératoire repose sur l'archaïsme des circuits commerciaux en Algérie. Cela pour dire que les ministres peuvent toujours sillonner le pays à la recherche des spéculateurs, le meilleur moyen de les débusquer est dans la modernisation de l'acte commercial. Il y va de la stabilité du pays.