Ils sont de plus en plus de fellahs conscients des risques pouvant provoquer des pertes de récoltes auxquelles ils sont confrontés. C'est ce qui ressort du rapport annuel de l'activité du premier assureur agricole en Algérie, la Caisse nationale de mutualité agricole (Cnma). La branches des assurances agricoles a été en effet marquées par un engagement et un intérêt croissant de la part des agriculteurs, en 2022. Cette filière a enregistré une croissance de 11%, avec une production de 1,5 million de DA, contre 1,4 million de DA enregistré en 2021. La branche «incendies et risques divers» a également progressé de 21% pour un chiffre d'affaires de 1,6 million de DA, prolongement des sinistres ayant marqué de nombreuses wilayas est vraisemblablement derrière cette prise de conscience que nul n'était à l'abri des sinistres. Aux dernières nouvelles, à Skikda, ils sont pas moins de 19 agriculteurs à avoir bénéficié dans «un délai record», d'une enveloppe totale de plus de 5,6 millions DA, comme précisé par le directeur de la Caisse régionale de mutualité agricole (Crma), Hamza Hannachi. À noter, dans ce sillage, que la Cnma avait annoncé au lendemain des incendies ravageurs qu'elle procédera à l'indemnisation des mutualistes affectés par les incendies dans les 72 heures qui suivront l'expertise de l'état des dommages subis. Le même responsable a également souligné que la Crma invite les agriculteurs sinistrés à se présenter à ses services afin de recevoir leurs chèques d'indemnisation des dégâts qu'ils ont subi à la\suite des incendies et des inondations, qui ont touché dernièrement plusieurs régions de la wilaya. Les 19 bénéficiaires avaient procédé à la déclaration des dégâts auprès de la Crma dès leur survenue, a-t-il précisé. Cela avant de préciser que «l'assurance demeure un appui et une sécurité pour les agriculteurs, en cas de sinistre». Hannachi a, par ailleurs, invité les agriculteurs à se rapprocher de la Crma, où la wilaya compte sept bureaux, pour assurer leurs récoltes, en prévision du prochain lancement de la campagne des labours-semailles. Derrière la progression ayant marqué cette branche, se pointe une autre réalité qui démontre l'existence de nombreux fellahs qui continuent de bouder les assurances. Cela ne date pas d'hier. Les assurances ne sont pas une obligation dans ce secteur d'activité, il s'agit de l'une des raisons profondes de la forte dépendance aux aides et indemnisations versées par l'Etat pour la prise en charge des sinistres. Les agriculteurs se voient attribuer à chaque sinistre des plants d'arbres fruitiers et autres, comme les oliviers, pour remplacer ceux brûlés. Les éleveurs sinistrés bénéficient également du remplacement de leurs cheptels qui périssent dans les incendies. C'était le cas, au cours de l'épisode des incendies ravageurs ayant frappé de nombreuses wilayas du pays en 2022. L'espoir a été entretenu grâce à un fonds spécial d'indemnisation des sinistrés des feux de forêt enregistrés dans le pays, créé sur décision du président de la République. Les agriculteurs aidés avaient pu se remettre sur pied. Les producteurs de volaille ne sont pas oubliés. L'ensemble des pertes est reconstitué via des aides directes versées par l'Etat, même les poussins, poules de chair et les ruches toutes pleines aux éleveurs d'abeilles. L'Etat est, en effet, toujours là. Les sinistrés des incendies de cette année, toucherons les indemnisations. «En application des instructions du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, qui s'est engagé à être toujours aux côtés du citoyen et à alléger ses souffrances lors des épreuves, les instructions locales, en vue de lancer l'opération de constatation des dégâts et des pertes et de recenser les sinistrés, pour les indemniser dans les meilleurs délais», a indiqué le ministre de l'Intérieur au lendemain des incendies ravageurs ayant ébranlé de nombreuses wilayas du pays, fin juillet dernier. Dans le même sillage, Brahim Merad avait fait savoir que «les commissions communales et de wilaya procèdent à la constatation des dégâts et des pertes occasionnés aux citoyens», qui feront à leur tour, a-t-il dit, «l'objet d'une évaluation par la commission multisectorielle pour étudier les dossiers d'indemnisation des sinistrés des feux de forêt». Cette commission «fixera les indemnisations dues à chaque sinistré, en application des instructions du président de la République, qui a consacré le principe de la prise en charge des citoyens par l'Etat» lors des catastrophes naturelles, a-t-il présisé. Notons par ailleurs, que le soutien de l'Etat est essentiel et vital, et ce à partir du moment où la généralisation des assurances se heurte à une donne et non des moindre, l'insouciance et l'inconscience des agriculteurs. Rares sont ceux qui cotisent à la Casnos pour percevoir leurs retraites... Il s'agit, évidemment, d'une question de culture.