Le théâtre en plein air «Abdellah Mohia» de Tizi Ouzou a abrité un mémorable spectacle dans la soirée de jeudi à vendredi dernier. Un spectacle très varié où les organisateurs ont proposé une véritable communion entre des chanteuses et des chanteurs de Tlemcen, Tipaza et Tizi Ouzou en plus des musiciens venus des quatre coins du pays. Lila Borsali, très attendue par le public depuis le début de la soirée, a été triomphalement accueillie par les spectatrices et les spectateurs. «Je l'ai dit à chaque fois, j'aime beaucoup me produire face au public tizi ouzéen», a affirmé Lila Borsali, une fois sur scène, toute émue. Son orchestre a été également acclamé et a fait preuve d'un professionnalisme sans faille tout au long de la soirée entamée avec brio par Lila Borsali. Cette dernière a interprété avec l'art et la manière l'une des plus mythiques chansons du maitre Cheikh El Hasnaoui, «Ya noudjoum elil» où il est question de la condition très déplorable de celui qui vit ou plutôt survit loin de sa terre natale. Ayant pris ses aises face à un public conquis, Lila Borsali enchaîna les plus beaux titres de son style qu'elle affectionne à merveille avant de réserver une agréable surprise aux présents en chantant en kabyle. Et pour ce faire, elle a choisi d'interpréter un titre de Akli Yahiatène qui a bercé toutes les générations: «Jahagh bezzaf damezian». Puis, quand la chanteuse Nouria est montée sur scène à son tour, les deux femmes ont interprété ensemble une autre chanson d'El Hasnaoui également: «Achikh amokrane». Nouria qui a particulièrement brillé ces dernières années, a commencé son spectacle avec une chanson dédiée à Matoub Lounès, qui est son idole et un repère, plus un modèle pour elle. Elle réussit dans cette chanson, avec une poésie raffinée, à décrire le poète assassiné tout en mettant en relief son apport à la culture berbère et au combat identitaire. Puis, Nouria ne tarda pas à enchaîner avec des chansons rythmées qui ont mis vite le feu aux poudres tout en rompant ainsi avec l'ambiance très «calme» ayant caractérisé la prestation de Lila Borsali. Il faut noter que lors de la même soirée, le public a découvert et beaucoup apprécié les prestations de deux chanteurs d'expression chenoui (Tipaza). Il s'agit de Amar Azghal et Bilal Annou. Amar Azghal a interprété une chanson intitulée «Taourirt Mouloud Aghiles» dédiée à l'écrivain Mouloud Mammeri. «J'ai écrit cette chanson en hommage à Mouloud Mammeri et à Matoub Lounès. J'ai rencontré ces deux géants en 1987 au campus universitaire de «Hasnaoua» de l'université Mouloud-Mammeri à l'occasion de la célébration du printemps berbère», a affirmé l'artiste chenoui qui a offert des moments de nostalgie extrêmement émouvants au public de Tizi Ouzou, qui a été bien servi en cette soirée qui rentre dans le cadre du programme des échanges culturels inter-wilayas qu'abrite la wilaya de Tizi Ouzou.