Le suspense aura été de pure forme. La Cour d'appel chargée de trancher un ensemble de requêtes des partis d'opposition au Nigeria, au lendemain d'une élection présidentielle remportée par la formation dominante et son candidat Bola Ahmed Tinubu, a comme prévu rejeté toutes les doléances. Ainsi, la victoire du successeur du général Muhammadu Buhari est-elle confirmée, cinq mois après le verdict des urnes malgré les efforts déployés par la principale formation de l'opposition, le parti démocratique du peuple (PDP) soutenu par le parti travailliste (LP). Ces derniers ont axé leur requête sur une liste de «fraudes» et d' «irrégularités» en fin de compte peu convaincantes pour les cinq juges en charge du dossier. En ce qui concerne le Labour Party, sa démarche avait déjà été disqualifiée par les autorités électorales mais les deux formations ont joué le tout pour le tout, assurant en outre que Bola Ahmed Tinubu serait inéligible au regard de certaines dispositions du code électoral. Il aura fallu pas moins de six heures de lecture d'un jugement minutieusement argumenté pour que l'un des cinq magistrats conclut selon la formule habituelle: «cette requête est déclarée sans fondement». Il reste aux deux partis contestataires du résultat d'une présidentielle très mouvementée à introduire un pourvoi auprès de la Cour suprême mais tout porte à croire que ce sera en vain, surtout que la sentence n'interviendra qu'au bout de nombreux mois et ce dans le meilleur des cas. Il convient de noter qu'aucune instance judiciaire, depuis le retour du Nigeria à la démocratie, en 1999, n'a annulé une élection présidentielle. À toutes fins utiles, les forces de police ont renforcé la sécurité autour du siège de la Cour d'appel et déployé plusieurs barrages routiers, anticipant d'éventuels mouvements de foule. Fin février, ils étaient 25 millions de Nigérians environ à se prononcer lors d'une présidentielle qui s'est déroulée dans le calme, déjouant tous les pronostics alarmistes, même si des retards ont été enregistrés dans l'acheminement électronique des résultats. Chose qui a conduit les partis d'opposition à brandir la «preuve de fraudes massives». Déclaré vainqueur avec 37% des suffrages, le candidat du Congrès des progressistes (APC), Bola Ahmed Tinubu, ancien gouverneur de la capitale Lagos, a bousculé l'ancien vice-président Atiku Abubakar du PDP et Peter Obi, du LP. Porté par une réelle adhésion de la jeunesse nigériane, il a aussitôt entrepris une série de réformes, certaines impopulaires comme la hausse des carburants, dans le but de revitaliser l'économie du pays et d'attirer les IDE. Le grand défi que n'a pas surmonté son prédécesseur reste posé, Les groupes terroristes Boko Haram et Iswap (Daesh) sont toujours sur le pied de guerre.