Alarmée sans doute par la situation devenue critique à Lampedusa, cette région italienne prise d'assaut par des milliers de migrants qui bravent la mort en Méditerranée, la Commission européenne a indiqué hier qu'elle compte verser «rapidement» les sommes convenues avec la Tunisie dans le cadre de l'accord de juillet dernier à charge pour le gouvernement tunisien d'intensifier sa lutte contre la migration clandestine à destination de l'Europe. Voici quelques jours, la président de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'était rendue par deux fois à Lampedusa, accompagnée de la présidente du Conseil italienne, Giorgia Meloni, et elle s'était engagée, au vu et au su des conditions dramatiques prévalant dans les camps d'accueil de Lampedusa, à «accélérer la mise en oeuvre» d'un partenariat souvent décrié. La responsable allemande doit en effet tenir compte des réticences de certains Etats membres, même si l'aide promise n'a rien de conséquent. La Commission a ainsi indiqué que sur les 105 millions d'euros d'aide prévue dans l'accord conclu en juillet avec la Tunisie pour intensifier la lutte contre l'immigration irrégulière, il y aura 42 millions d'euros «alloués rapidement». Laquelle somme sera accompagnée quelque temps plus tard par 24,7 millions d'euros déjà prévus dans le cadre de programmes mis en oeuvre entre 2022 et 2023. Les, sommes évoquées vont contribuer, entre autres actions, à une remise en état des moyens utilisés par les garde-côtes tunisiens ainsi qu'au financement de la coopération avec les organismes onusiens tels que l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), avec en toile de fond l'objectif d'opérations de retour des migrants vers leur pays de provenance ou d'origine. Depuis bientôt une année, la Tunisie est devenue le carrefour principal des vagues de migrants irréguliers qui se sont détournés de la Libye voisine où la situation géopolitique est devenue particulièrement complexe et rend la traversée encore plus périlleuse que par le passé. De mois en mois, ce sont donc des milliers de migrants subsahariens qui déferlent en majeure partie du côté du rivage de la ville de Sfax pour une traversée improbable de la Méditerranée en direction de l'Italie où les navires des ONG internationales les déversent malgré les réticences et les résistances des autorités locales. Celles-ci sont en outre indignées par le manque flagrant de solidarité des autres pays membres de l'UE qui rechignent à accueillir des quotas malgré un accord en ce sens, convenu en 2021. Dans les tout prochains jours, l'Union européenne va débourser une «aide budgétaire» de 60 millions d'euros, conséquemment à l'accord signé à Tunis en juillet par le président Kaïs Saïed et la délégation européenne comprenant Giorgia Meloni, Ursula von der Leyen et le néerlandais Mark Rutte. Fait notable,,il n'est plus question, désormais, de la condition préalable d'une signature de l'accord entre la Tunisie et le FMI, assorti de conditions jugées «inacceptables» par le chef de l'Etat tunisien.