Chronique d'un «accouchement au forceps». Coup de projecteur sur un projet vital. Sa gestation aura duré plus de dix ans. «L'Algérie doit mettre en oeuvre une stratégie pour assurer un développement durable multidimensionnel à l'horizon 2030, en insistant sur la nécessité de tourner le dos aux énergies fossiles, de mettre en place une réelle politique d'économie d'énergie, évaluée à plus de 20%, d'aller sans tarder vers un plan Marshall d'énergie renouvelable...» avait déclaré à L'Expression le 16 avril 2013 le Pr Chems-Eddine Chitour directeur du Laboratoire de valorisation des énergies fossiles à l´Ecole polytechnique d'Alger lors de la tenue des 17es Journées de l'énergie. C'était donc, il y a plus d'une dizaine d'années. Bien de l'eau a coulé sous les ponts depuis. L'Algérie a cependant fait des pas significatifs qui doivent lui permettre de réussir sa transition énergétique en mettant le cap sur les énergies renouvelables. Un programme qui a connu ses premiers balbutiements, il y a un peu plus d'une décennie. Selon le Programme algérien de développement des énergies renouvelables et d'efficacité énergétique (Penree) de 2012, l'Algérie vise une puissance installée d'origine renouvelable de 22000 MW d'ici 2030. Sept ans plus tard, force est de constater que les objectifs n'ont pas été atteints. En 2019, la part de l'éolien dans la production d'électricité n'était que de 0,01% et celle du solaire de 0,8% selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Fin février 2015, le gouvernement de l'époque adoptera son programme de développement des énergies renouvelables 2015-2030. Une première phase du programme, démarrée en 2011, avait permis la réalisation de projets pilotes et d'études sur le potentiel national. Ce nouveau programme précise les objectifs d'installations d'ici à 2030: 13575 MWc de solaire photovoltaïque, 5010 MW d'éolien; 2000 MW de solaire thermodynamique (CSP); 1000 MW de biomasse (valorisation des déchets); 400 MW de cogénération; 15 MW de géothermie. Le total s'élève ainsi à 22 GW, dont plus de 4,5 GW devaient être réalisés fin 2020. Jusqu'en 2018 aucune structure ne verra le jour. En raison de leurs coûts encore élevés, et de la dégringolade des prix du pétrole, les centrales hélio-thermodynamiques ne seront véritablement développées qu'à partir de 2021. Ce programme doit permettre à l'Algérie de produire 27% de son électricité à partir des énergies renouvelables d'ici à 2030, afin d'épargner ses réserves en gaz. Une feuille de route sera tracée par le président de la République. «L'objectif à atteindre dans les cinq années à venir est de concrétiser une transition énergétique basée sur l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables, de façon à répondre aux besoins de la consommation interne croissante...», déclarera Abdelmadjid Tebboune, lors d'un Conseil des ministres qui s'est tenu le 8 mars 2020. C'est dans ce sillage que naîtra en avril 2021 la «Sonelgaz du renouvelable». Dénommée SKE, elle est le fruit d'une fusion entre Sonelgaz et Sonatrach. Avec comme objectif pour ces deux entreprises nationales, poids lourds du secteur de l'énergie, de mutualiser leurs ressources pour donner les moyens d'investir des territoires énergétiques verts et créateurs de richesse. Il faut rappeler que l'Algérie qui a pour objectif de diversifier ses sources énergétiques à travers un programme de développement des énergies renouvelables permettant la production de 15000 MW d'électricité à l'horizon 2035, dont 4000 MW d'ici à 2024, a programmé la réalisation de centrales photovoltaïques, qui doivent produire 1000 MW. 11 sites pour la réalisation du projet de «Solaire 1000», qui comprend des stations de production d'énergie solaire d'une capacité globale de 1000 mégawatts, ont été retenus. Et ça redémarre...